Un Rodin découvert dans une maison de retraite en France
Le cinquantenaire de la mort de Rodin sera commémoré cette année. Pourtant, c'est seulement un demi siècle après sa mort que vient d'être découvert un plâtre du sculpteur intitulé « Je suis belle ».
Un trésor retrouvé dans un carton après la mort d'une vieille dame, dans sa maison de retraite du Pays Basque. Cette dernière avait gardé la sculpture toute sa vie auprès d'elle, sur sa cheminée lorsqu'elle vivait dans son appartement, puis dans la maison de retraite où elle a fini ses jours.
« Cela arrive souvent. C'est même la magie des découvertes des maisons de ventes en province. Ce plâtre est très beau, mais il était sale, recouvert de sa poussière depuis 130 ans. Il n'a pas la blancheur éclatante comme on en voit dans un musée. Et cette dame n'avait pas de descendance directe », explique l'experte Elisabeth Maréchaux. Cette dernière, a d'ailleurs, assuré la sculpture pour 700.000 euros.
Un trésor national
Cette découverte vient d'être classée trésor national par le Ministère de la Culture. Cela interdit sa sortie du territoire français et sa vente durant un délai de 30 mois.
C'est désormais à l'Etat et aux musées français de trouver un accord financier avec les possesseurs de l'œuvre pendant ce délai. Sinon, la statuette sera mise en vente au prix du marché et pourra être acquise par des collectionneurs aux moyens illimités.
Ph. cabinetmarechaux.com
Une œuvre historique
Le musée Rodin compte déjà deux versions de l'œuvre « Je suis belle ». L'une d'entre elles, est exposé en ce moment au Grand Palais dans une rétrospective du centenaire.
D'après les expertises réalisées, ce plâtre daterait probablement de 1884. Il pourrait être un des tout premiers exemplaires de la technique d'assemblage mise au point par Rodin. Cet exemplaire serait la plus ancienne des versions déjà connues de l'œuvre.
« Il faisait des moulages particuliers. Je suis belle a été réalisée à partir de deux autres plâtres, L'Homme qui tombe, et La femme accroupie. Après expertise, on a pu reconstituer comment Rodin a utilisé ses deux petites sculptures pour en fabriquer une troisième. On a repéré, comment il a créé de nouveaux éléments pour en faire un ensemble ». « Je suis belle » a donc une grande valeur historique et artistique.
Une vente exceptionnelle
Aujourd'hui, sur le marché de l'art, le plâtre vaut moins que le bronze car il est moins noble. Mais cette œuvre, marque un tournant dans la manière de travailler de Rodin.
Les négociations financières vont donc être serrées avec les héritiers indirects de la vieille dame (retrouvés par les généalogistes) et les musées. Pour réussir à s'offrir l'œuvre, ils devront probablement faire appel à des mécénats.
« Je suis belle » a été présenté ce vendredi 31 mars à 19h à l'hôtel de ventes de Pau. Elle sera exposée en avant-première lors de cette exposition, par la suite, elle sera protégée comme trésor national.