Un possible traitement moins contraignant pour les personnes séropositives

Une injection par mois de traitement antirétroviral suffit à maintenir le virus du sida en sommeil, selon une étude publiée lundi.
par
Nicolas
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Voilà une perspective qui pourrait soulager les personnes séropositives. Bien qu'ayant déjà fortement évolué ces dernières années, le traitement actuel consiste en la prise quotidienne d'un comprimé leur vie durant.

Une injection par mois

Pour les besoin d'une recherche, 230 patients porteurs du VIH mais avec une charge virale indétectable se sont vu injecter deux molécules d'antirétroviraux toutes les quatre semaines ou toutes les huit semaines, pendant près de deux ans.

A l'issue de cette période, 87% d'entre eux avaient toujours une charge virale indétectable dans le groupe qui a reçu une injection toutes les quatre semaines, et 94% chez ceux qui ont reçu une injection toutes les huit semaines.

Ces proportions sont comparables à celles rencontrées dans le groupe témoin de 56 patients qui a continué à prendre un comprimé par jour (84%), selon les résultats de cette étude de phase II, présentée lors de la Conférence internationale de recherche sur le sida à Paris.

La première molécule injectée, cabotegravir, est développée par ViiV Healthcare, une filiale de GSK, Pfizer et Shionogi spécialisée dans le VIH, tandis que la seconde, rilpivirine, est développée par Janssen (groupe Johnson and Johnson).

Un premier traitement à action prolongée

Les deux laboratoires ont conclu une alliance pour faire de la combinaison de ces deux molécules «le premier traitement injectable à action prolongée» contre le VIH.

Un tel traitement «pourrait offrir une alternative efficace et acceptable pour les personnes qui sont parvenues à une charge virale indétectable mais qui peinent à suivre un traitement oral quotidien pour contrôler leur VIH», a estimé Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson and Johnson, dans un communiqué.

«L'observance du traitement reste un défi important» dans la lutte contre le VIH, a souligné le Dr David Margolis, de ViiV Healthcare et l'un des auteurs de l'étude, car un mauvais suivi peut entraîner des échecs thérapeutiques et favorise l'apparition de résistances aux médicaments anti-VIH.

«Il devra y avoir un arbitrage entre le confort de ne plus avoir à suivre le traitement oral et les inconvénients associés au traitement antirétroviral à action prolongée par injection», en particulier dans les pays où il n'y a pas de problème de disponibilité des comprimés d'antirétroviraux, a toutefois souligné Mark Boyd, de l'université d'Adélaïde en Australie, dans un commentaire de l'étude publié par la revue médicale britannique The Lancet.

La plupart des patients de l'étude ont évoqué des douleurs à l'endroit de l'injection, et certains ont souffert de diarrhées ou de maux de tête.

Un nouvel espoir aussi pour les enfants nés séropositifs

La recherche produit également d'importantes avancées pour les enfants nés séropositifs. ici aussi l'objectif est de rendre moins contraignant le lourd traitement contre le VIH.

Ainsi, une fillette sud-africaine, née séropositive, vit depuis presque neuf ans en bonne santé sans médicaments, après avoir simplement pris un traitement durant ses premiers mois d'existence, relate une autre étude publiée lundi.

Ces cas de rémission sans traitement à vie sont rares et encore inexpliqués. Il s'agit seulement du troisième cas jamais observé chez un enfant, souligne cette étude présentée à la conférence internationale de recherche sur le sida à Paris.

«Ce nouveau cas renforce nos espoirs de pouvoir un jour épargner aux enfants séropositifs le fardeau d'un traitement à vie, en les traitant pour une courte période dès leur plus jeune âge», commente Anthony Fauci, directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), à l'origine de l'étude.

«Une rechute est toujours possible, comme dans toute rémission. (Mais) le fait que cette rémission se soit étendue sur une si longue période laisse penser qu'elle peut être durable», explique une autre des auteurs de l'étude, le docteur Avy Violari, de l'université de Witwatersrand à Johannesburg.

Pas encore de guérison

A partir de l'âge de deux mois, cette fillette a été placée sous traitements antirétroviraux, qui empêchent le développement du virus du sida. Au bout de dix mois, le traitement a été délibérément stoppé dans le cadre de l'étude, alors que la présence du virus avait été réduite à un niveau indétectable.

Huit ans et neuf mois plus tard, le virus VIH est toujours en sommeil chez cette petite fille, bien qu'elle ne suive pas de traitement.

Il ne s'agit pas d'une guérison, car le VIH est toujours présent. Mais il est si affaibli qu'il ne peut ni se multiplier ni se transmettre à une autre personne, même en l'absence de traitement. Normalement, il faut suivre un traitement quotidien à vie pour parvenir à ces effets.