Un gouvernement Wilmès doté de pouvoirs spéciaux pour gérer la crise du coronavirus

Un accord est intervenu entre dix partis pour donner le soutien d'une majorité au gouvernement fédéral actuel qui pourra recourir aux pouvoirs spéciaux pendant une période maximale de 6 mois, ont annoncé dimanche les chargés de mission royaux, Sabine Laruelle (MR) et Patrick Dewael (Open Vld).
par
oriane.renette
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Les présidents de la Chambre et du Sénat feront rapport au Roi lundi à 10h. La Première ministre Sophie Wilmès sera désignée ensuite formatrice de ce gouvernement qui sera désormais de plein exercice mais dans le cadre d'un programme limité à la lutte contre le coronavirus et la prise en charge des effets socio-économiques et budgétaires de la pandémie. Elle demandera jeudi la confiance à la Chambre, qui lui sera acquise à une très large majorité de plus de 100 sièges. Elle pourra ensuite demander les pouvoirs spéciaux pour une durée de trois mois renouvelables une fois.

Ce gouvernement sera composé des partis de la coalition actuelle, soit le MR, le CD&V et l'Open Vld. Les autres partis (PS, N-VA, Ecolo, Groen, cdH et DéFI) soutiendront la nouvelle équipe Wilmès de l'extérieur. Les partis autour de la table ont convenu qu'il ne fallait pas «déstabiliser» l'équipe en place alors que la Belgique affronte la pandémie.

Affronter le coronavirus ensemble

Les chefs de groupe des formations qui ne sont pas représentées dans l'exécutif seront toutefois impliqués directement dans son fonctionnement en participant aux réunions du comité ministériel restreint dès lors qu'il est question du coronavirus. «L'urgence est de prendre en charge le coronavirus dans l'ensemble de ses aspects», a souligné Mme Laruelle.

Les circonstances actuelles ne permettaient pas d'entamer une longue négociation en vue de former un gouvernement au mandat plus large. «Les gens n'auraient pas compris que l'on négocie encore pendant des semaines», a fait remarquer M. Dewael.

L'urgence de la crise sanitaire et socio-économique a enfin permis d'obtenir un large accord politique après 9 mois de blocage. Et certains partis, comme la N-VA, le PS et Ecolo, jusqu'ici inconciliables, ont pu trouver un terrain d'entente, sans toutefois monter dans le même gouvernement «La Belgique traverse une crise comme elle n'en a jamais connue. Ce qui compte aujourd'hui, c'est l'union», a souligné le co-président d'Ecolo, Jean-Marc Nollet.

«On est dans une situation qui peut s'apparenter à celle d'une guerre. Il faut mobiliser toutes nos ressources», a dit pour sa part le président du MR, Georges-Louis Bouchez tandis que le président du cdH, Maxime Prévot, rappelait la disposition toujours affichée par son parti à répondre à la demande d'une «union sacrée».

Ni le président du PS, Paul Magnette, ni celui de la N-VA, Bart De Wever, n'étaient présents à la conférence de presse qui a suivi la réunion.

Six mois pour renégocier

Les six mois à venir pourront être mis à profit pour négocier la mise sur pied d'un gouvernement plein et entier pour le restant de la législature, espèrent les deux chargés de mission.

La technique des pouvoirs spéciaux n'avait plus été utilisée depuis une vingtaine d'années. Elle habilite le gouvernement à modifier des lois par arrêtés royaux, à charge ensuite pour le parlement de les confirmer. Elle a servi dans les années 1980 au gouvernement Martens et dans les années 1990 au gouvernement Dehaene.

L'accord a été obtenu au bout d'une réunion qui a commencé vers 14h et qu'ont rejointe en début de soirée les écologistes et le cdH.