Un artiste dessine sur la tombe du dictateur espagnol Franco

Un artiste espagnol a été interpellé mercredi après avoir peint une colombe rouge et les mots «pour la liberté» sur la tombe de Francisco Franco, dans une Espagne en pleine polémique avant l'exhumation annoncée de l'ancien dictateur (1939-1975).
par
Clement
Temps de lecture 2 min.

Dans une vidéo de cette action diffusée par la télévision publique TVE, on voit l'homme s'agenouiller sur la tombe, face à l'autel de la basilique du mausolée gigantesque que le dictateur s'était fait construire, à une cinquantaine de kilomètres de Madrid. Puis l'homme écarte les bouquets de fleurs et se met à peindre, aussi vite que possible, un oiseau à la peinture rouge. «Pour la liberté et la réconciliation de tous les espagnols», crie-t-il quand un garde de sécurité accourt pour stopper son geste, sur le site de «El Valle de los caidos» ("La vallée de ceux qui sont tombés").

L'artiste a été identifié comme étant Enrique Tenreiro, sculpteur habitué des performances, parfois provocatrices. Interrogé par le journal El Mundo, M. Tenreiro a revendiqué «une action de protestation» pour «la liberté volée» à la génération de ses parents et de ses grands-parents. «C'est mon petit grain de sable, j'espère qu'il servira à alléger la douleur des perdants d'une guerre civile (1936-1939) qui n'aurait pas dû avoir lieu», a-t-il commenté.

Les députés espagnols ont approuvé en septembre un décret du gouvernement du socialiste Pedro Sanchez autorisant l'exhumation de Franco. Le gouvernement plaide pour que le dictateur, qui avait remporté la guerre civile avec l'aide d'Hitler et de Mussolini, ne mérite pas «une tombe d'Etat» mais doit être transféré vers un lieu discret. La famille de Franco voudrait désormais le faire réenterrer dans une crypte qu'elle possède dans la cathédrale de Madrid. Cependant le Vatican a souhaité qu'un dialogue entre gouvernement et famille permette que Franco soit réinhumé ailleurs que dans cette cathédrale.

Le 20 novembre 1975, il avait été enterré avec tous les honneurs sur ce site bâti entre 1941 et 1959, notamment par des prisonniers républicains contraints au travail forcé. Franco y avait auparavant fait transférer en secret les ossements de plus de 33.000 victimes de la guerre civile, nationalistes et républicaines, au nom d'une prétendue «réconciliation nationale». Mais seule sa tombe et celle du fondateur du parti fascisant la Phalange José Antonio Primo de Rivera y sont identifiées.