Un adolescent lynché et pendu par une foule de manifestants à Bagdad

Un adolescent accusé d'avoir attaqué des manifestants a été lynché puis pendu jeudi à Bagdad, ont rapporté policiers et témoins, au risque de ternir l'image d'un mouvement se réclamant du «pacifisme».
par
Clement
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Tôt le matin, un différend a éclaté entre un adolescent de 17 ans et des manifestants sur la place al-Ouathba, proche de la place Tahrir, épicentre de la contestation contre le pouvoir et son parrain iranien depuis plus de deux mois, indiquent des sources policières.

Des manifestants, dont certains ont accusé la police de ne pas les protéger du «saboteur», ont alors incendié la maison du jeune homme, attenante à la place, poursuit la source policière. Ils l'ont ensuite sorti contre son gré, sans que les forces de l'ordre ne puissent les raisonner, assure-t-elle.

Frappé puis pendu

Sur des images diffusées en direct sur les réseaux sociaux, des membres des forces de sécurité apparaissent aux abords de ce qui semble être la maison du jeune homme, mais semblent avoir quitté les lieux lorsque la foule y fait irruption puis traîne l'adolescent au sol sur des dizaines de mètres. De nombreuses personnes lui donnent des coups de pieds et de couteau quand il passe devant eux, selon ces images. L'adolescent, uniquement vêtu d'un caleçon, est ensuite hissé, attaché par les chevilles et tête en bas, à un feu de circulation au milieu de la place al-Ouathba.

Son corps inanimé a ensuite été décroché, ont indiqué des témoins sur place, et amené à la morgue de la médecine légale.

Un communiqué, signé «Les manifestants de Tahrir» et diffusé sur les réseaux sociaux, a dénoncé «un plan machiavélique visant à ternir la réputation des manifestants pacifiques» et assuré que les milliers d'Irakiens sur la place «n'ont rien à voir avec les événements de la matinée».

Les responsables sommés de se rendre

Les images provoquaient un vif débat en Irak et suscitaient des réactions de politiciens. Un compte Twitter proche de Moqtada Sadr a menacé de retirer la protection des combattants du leader chiite aux manifestants. «Si sous 48 heures, les terroristes responsables ne sont pas débusqués, les casquettes bleues devront se retirer de toutes les places où les manifestants se rassemblent», est-il écrit. Les «casquettes bleues» sont les combattants non armés de la branche armée du mouvement de Moqtada Sadr. Ils s'étaient interposés vendredi soir entre les manifestants et des hommes armés lors d'une tuerie près de Tahrir.

De son côté, Qaïs al-Khazali, puissant chef milicien pro-Iran récemment visé par des sanctions américaines a aussitôt dénoncé sur Twitter «le chaos» contre lequel il mettait en garde depuis le début des manifestations, dans lesquelles il voit un «complot» contre l'Irak.

Les manifestants accusent, eux, les factions armées pro-Iran de jouer un rôle dans les tueries et les enlèvements.