Trump lance le projet de mur avec le Mexique

Le président américain Donald Trump a signé mercredi un décret lançant le projet de construction d'un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, la promesse la plus emblématique de sa campagne.
par
Belga
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Cinq jours seulement après sa prise de fonctions, le nouveau président républicain a par ailleurs signé, lors d'une cérémonie au ministère de la Sécurité intérieure, un autre décret portant sur une application plus rigoureuse des lois sur l'immigration

"Première étape de bon sens"

Ce second décret prévoit en particulier de limiter l'accès aux fonds fédéraux pour les "villes sanctuaires" qui accueillent des immigrants clandestins. "Construire cette barrière n'est pas seulement une promesse de campagne, c'est une première étape de bon sens pour véritablement sécuriser une frontière qui est aujourd'hui poreuse", a souligné son porte-parole Sean Spicer.

Ce dernier a annoncé la création de davantage de centres de détention le long de la frontière pour qu'il soit "plus facile et moins cher" de détenir puis de renvoyer les immigrants illégaux dans leur pays d'origine.

Quid du financement du mur ?

Interrogé un peu plus tôt sur la chaine ABC, Donald Trump a réaffirmé que le financement de ce mur, dont la construction devrait débuter selon lui "dans les mois à venir", serait, in fine, payé par le Mexique: "Je vous le dis: il y aura un paiement, même si le montage sera peut-être compliqué".

La facture du mur  se chiffrera en milliards de dollars. Mais les avis divergent sur une estimation plus précise. Sur les 3.200 kilomètres de frontière, 1.050 sont déjà pourvus de clôtures qui empêchent les personnes ou les véhicules de traverser. Donald Trump a annoncé un projet qui doit coûter de 4 à "environ 10 milliards" de dollars.

Pas réalisable à ce prix

Pour les architectes et les ingénieurs, qui se sont penchés sur la question, la note sera bien plus salée. Le MIT Technology Review a par exemple estimé dans un article que 1.609 km de mur coûteraient entre 27 et 40 milliards de dollars. "Mettons de côté les questions de savoir s'il est judicieux d'ériger un mur à la frontière américano-mexicaine ou qui devrait le financer. Cela ne peut tout simplement pas être réalisé au prix annoncé par Donald Trump", assure le MIT Technology Review.

Le mur doit théoriquement être composé de blocs de béton armé renforcé avec des tiges en acier. Ses fondations devront être assez profondes pour empêcher de creuser d'éventuels tunnels. Du côté de l'esthétique, le 45e président américain avait suggéré, pendant la campagne, de faire peindre son visage sur le mur.

Réponse de Mexico

Mexico a catégoriquement réfuté l'idée de financer ce mur, ou même de rembourser les Etats-Unis qui avanceraient l'argent, comme l'a constamment répété Donald Trump dans ses réunions de campagne.

Une délégation officielle mexicaine est présente à Washington pour entamer la renégociation de l'accord de libre-échange Aléna (USA, Canada et Mexique). Mais le ministre de l'Economie Ildefonso Guajardo a clairement averti qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas franchir.

Cette première réunion USA-Mexique vise à préparer la rencontre entre le nouveau président américain et son homologue mexicain Enrique Peña Nieto, le 31 janvier à Washington.

Réaction du président mexicain

Le président mexicain Enrique Peña Nieto a condamné mercredi le projet de son homologue américain Donald Trump de construire un mur à la frontière entre les deux pays, et s'est engagé à défendre les migrants mexicains aux Etats-Unis. "Je regrette et condamne la décision des Etats-Unis de continuer la construction du mur qui depuis des années, au lieu de nous unir, nous divise" a-t-il affirmé dans un bref message vidéo diffusé sur son compte Twitter.

Le président mexicain n'a pas indiqué s'il comptait annuler ou non la rencontre prévue avec le magnat républicain le 31 janvier, précisant qu'il attendrait le retour d'une délégation de haut niveau à Washington avant de prendre une décision "sur les prochaines étapes". "Le Mexique ne croit pas aux murs. Je l'ai dit plusieurs fois: le Mexique ne paiera pour aucun mur" a-t-il encore réagi, devant la promesse du président américain de « faire payer » le mur par son voisin du sud.

M. Peña Nieto a également annoncé qu'il avait demandé aux 50 consulats mexicains aux Etats-Unis de se transformer "en authentiques défenseurs des droits des migrants mexicains". Au Mexique, tout au long de la journée, les leaders de l'opposition ont exhorté M. Peña Nieto à ne pas se rendre à Washington la semaine prochaine pour protester contre le projet de mur de M. Trump.