Suarez, les équilibristes de la chanson

par
Laura
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Entre deux enregistrements de The Voice, Marc Pinilla et ses amis ont eu le temps d'enregistrer un troisième album. Avec «En Equilibre», Suarez n'est plus seulement qu'un groupe de live, mais nous offre un vrai album studio. L'efficacité des premières secondes fait place à une musique davantage centrée sur le texte. Même si ce qui fait le son du groupe depuis 2008 n'est jamais très loin.

Sur quoi es-tu «en équilibre»? Pour ce titre?

Marc Pinilla: «Un album, c'est un choix parmi 40 chansons. Il a fallu en trouver onze pour que ce soit cohérent, en équilibre. Je me sens plus serein maintenant que sur les précédents. Je pense qu'on a atteint une certaine maturité. Et être équilibre, c'est être également pas très loin du déséquilibre. Il y a un côté fragile, et c'est un travail de le maintenir. Je me sens assagi, je sens que le projet est plus mûr, et en même temps, ça peut toujours basculer.»

Chanter est une manière de trouver son équilibre?

«Oui, chanter et écrire des chansons. C'est un tout. Et même faire de la télé contribue à prendre du recul, ainsi que d'avoir une vie de famille super fun. Pour moi, tout est cool pour le moment.»

J'ai lu que cet album était plus adulte.

«Je pense que nous le sommes par la force des choses. On est un peu moins dans une démarche où l'on doit tout prouver. On a acquis une certaine notoriété qui permet de faire les choses plus sereinement, des choses qui nous plaisent.»

Tu n'es pas tout seul à l'écriture.

«Non, et sur le précédent non plus. J'ai pris conscience qu'il y avait des gens qui le font mieux que moi. Je m'étais déjà entouré d'Antoine Hénaut et d'Aline Renard, ma compagne. Sur celui-ci, j'ai rajouté deux personnes que j'ai rencontrées sur la route: Jacques Duvall qui est un grand monsieur de la chanson, et Ben Mazué qui vient plutôt du hip-hop et du slam et qui m'a donné un sérieux coup de main.»

Pour un Belge, Jacques Duvall est presqu'un passage obligé?

«Ca a été une confrontation de deux mondes différents. C'est quelqu'un de très rigoureux, très à cheval sur la poésie, sur la rime, il est très dans la rigueur de l'écriture. Moi, j'aime quand ça va dans tous les sens. Mais c'était tellement riche qu'on a fait pas mal de chansons ensemble, même s'il n'y en a qu'une sur le disque. Pour que l'album soit cohérent. Mais j'ai évolué énormément en travaillant avec lui.»

Suarez s'est davantage préoccupé du sens des textes sur cet album.

«Sur les deux premiers albums, c'était de la musique avant d'être de la chanson. Je n'ai jamais eu la prétention de faire de la grande chanson française, je le reconnais. Mais j'avais envie d'un peu plus que de faire danser les gens. Et donc cette fois-ci, ce sont des histoires que l'on raconte, mais avec les musiques ‘suareziennes' entêtantes.»

Et le fil rouge, c'est l'amour.

«Exactement. De la querelle à l'amitié, en passant par l'amour quand on sera vieux, etc. On a voulu aborder l'amour sous différents angles.»

Un titre évoque l'envie de tout faire valser. Déjà eu ce sentiment?

«J'en discute souvent avec mes amis. J'ai l'impression que c'est une chanson très masculine. C'est le propre de l'homme d'avoir envie d'envoyer tout péter. Je pense que la femme a plutôt envie de tout maintenir en place (rires) bien que les temps changent. C'est normal, et en même temps, il est normal aussi de prendre du recul et de se dire que finalement je suis bien là où je suis.»

On est plutôt dans une pop plus douce cette fois-ci.

«Oui, plus folk, on est moins dans le boum-boum. C'est moins une recherche d'efficacité directe. Avant on était en mode chanson pour le live et la radio. Ici, l'état d'esprit est davantage tourné vers l'histoire. J'espère que cette musique pourra suivre les gens dans leurs maisons ou leurs voitures pour qu'ils passent un bon moment.»

C'est enregistré à «la maison du bonheur»? C'est où ça?

«C'est chez nous (rires). On a tout enregistré chez Dada, le guitariste du groupe, comme le précédent d'ailleurs. Il habite à la campagne, et c'est vraiment la maison du bonheur. C'est très serein, ça évite de travailler dans un bunker. On aime travailler avec un rythme normal, sans faire de nuits blanches. Cet album a été enregistré de 8h à 16h en fait, avec un feu qui crépite. On l'entend même parfois.»