Sexting, grooming et sextortion, retour sur les dangers d'internet

A l'occasion du Safer Internet Day, plus de 100 pays donnent un coup de projecteur mardi sur la nécessité d'assurer un internet sûr, aussi pour les mineurs d'âge. Mais quels sont les dangers les plus souvent rencontrés en ligne par les plus jeunes?
par
Clement
Temps de lecture 3 min.

Child Focus, la Fondation pour Enfants Disparus et Sexuellement Exploités, se charge en Belgique d'actions de prévention sur ce thème, tout en étant un point de contact pour ceux et celles qui ont été confrontés à des comportements ou des contenus problématiques sur la toile, impliquant des mineurs d'âge. Selon la porte-parole de Child Focus Maryse Rolland, trois phénomènes font régulièrement l'objet de signalements auprès de l'organisation: le sexting, les cas de «sextortion» et le grooming.

Le sexting, l'envoi virtuel de messages et/ou photos «sexy» ou à caractère sexuel, n'est pas problématique en soi, souligne la porte-parole. Il peut faire partie intégrante des expérimentations propres à l'adolescence: une jeune fille ou un jeune garçon envoie à son ami(e) une photo aguichante, dans le cadre d'une relation amoureuse par exemple. La pratique comporte cependant un certain risque, qui peut se concrétiser si la relation de confiance est brisée par le destinataire du message. Quand, par abus de confiance, une photo dénudée finit par se retrouver dans le domaine public, ou est partagée avec d'autres, cela peut mener au cyberharcèlement, note Maryse Rolland. «En 2017, nous avons reçu 135 signalements pour de tels faits, relatifs à des victimes mineures», indique-t-elle. «Ce n'est bien sûr que la partie visible de l'iceberg.» Parmi les jeunes victimes qui se manifestent, des filles, mais pas seulement. Le travail de prévention sur ce sujet est essentiel estime Child Focus: «On répète toujours: 'un jour sur internet, toujours sur internet'», ce qui fait forcément réfléchir aux potentielles conséquences d'un tel envoi, résume Maryse Rolland.

39 cas de sextortion

Un phénomène relativement nouveau est quant à lui apparu depuis quelques années: les cas de «sextortion», un «mot valise constitué de sexe et d'extorsion». Il s'agit de jeunes qui sont poussés à se déshabiller, se livrer à des gestes à caractère sexuel devant leur webcam ou à envoyer des photos de ce style, par un malfaiteur qui en tire ensuite profit en extorquant de l'argent ou autre à sa victime sous la menace de diffuser les images. «Nous avons été contactés pour 39 cas en 2017, et souvent les victimes sont des garçons», indique Maryse Rolland.

Quant au grooming, il désigne «la stratégie de sollicitation d'un mineur par un adulte, qui s'efforce d'affaiblir la résistance et les inhibitions du jeune à des fins sexuelles», selon le site internet de Child Focus. Typiquement, il s'agit d'un adulte qui tente de séduire un mineur d'âge en ligne, pour en obtenir des images compromettantes ou une rencontre dans la vie réelle, dans un but sexuel. «Nous avons eu 43 cas en 2017. Là, ce sont souvent les parents, inquiets par exemple d'avoir surpris une conversation torride de leur bambin avec un inconnu, qui nous contactent», résume Maryse Rolland.

Les cas sont bien sûr très divers, et le nombre de signalements communiqué par Child Focus ne concerne que les cas pour lesquels la victime ou un proche a eu le réflexe de s'adresser à l'organisation pour demander de l'aide et de l'accompagnement. Cela peut notamment se faire via le numéro gratuit 116000, accessible 24h/24. Comme pour les signalements d'images potentiellement pédopornographiques, Child Focus entreprend, face à une image problématique impliquant un mineur, de faire enlever le contenu de la toile par l'hébergeur.