Pourquoi aime-t-on autant percer ses boutons ?

Bouton, point noir, pustule, furoncle. La langue française ne manque pas de mots pour décrire ces boutons disgracieux qui apparaissent ponctuellement sur notre corps. Bien souvent, il est impossible de résister à l'envie irrésistible de les percer, malgré la douleur et le pus dégoulinant par la suite de la plaie ouverte.
par
ThomasW
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C'est généralement au passage à l'adolescence que l'on est confronté à l'apparition des premiers boutons. Ces points disgracieux qui apparaissent (souvent) sur notre visage et qu'on ne peut s'empêcher de percer.

Nos boutons se forment généralement suite à un excès de sebum, une substance sécrétée naturellement par le corps qui sert à protéger la peau contre le soleil ou le froid. Mais il arrive que le corps n'arrive pas à évacuer correctement le sebum, ce qui entraîne la formation des fameux boutons.

Dès ce moment, nous sommes nombreux à nous mettre en face d'un miroir pour essayer de percer cette difformité au plus vite. On cherche alors à nettoyer notre corps et à profiter de ce plaisir ressenti lorsque le bouton explose sous nos doigts. D'après certains psychanalystes, le fait de percer un bouton serait pour certains un moyen de supprimer le mal (la laideur ou la saleté) de notre corps, le bouton étant dès lors la représentation de ce mal. Dans une interview pour le magazine Glamour, la docteure en psychopathologie Anne-Dorothée Taïeb Chapelon explique également que «percer un bouton est une manière de contrôler son corps, quand on ne peut pas contrôler certaines de ses émotions».

Un phénomène Youtube

Ce petit plaisir coupable est en tout cas devenu un véritable phénomène sur Youtube et s'appelle le zit popping. Certaines vidéos de ce phénomène peuvent atteindre jusqu'à 20 millions de vues, preuve s'il en fallait encore qu'il s'agit d'une pratique mondiale. De nombreux internautes se mettent en effet en scène sur la plateforme en train d'exploser leurs boutons. Certains professionnels, comme la dermatologue américaine Sandra Lee devenue une véritable star du net, filment également «l'explosion» des boutons de leurs patients dans des vidéos dont le succès ne cesse de croître. Des compilations reprenant le meilleur, ou le pire, de ce type de «contenu» fleurissent également quotidiennement sur Youtube, satisfaisant une communauté qui semble n'en avoir jamais assez.

Percer un bouton dès son apparition n'est pourtant pas une solution idéale. Il vaut mieux le tolérer, quitte à moins se regarder dans le miroir si sa vision est insupportable, que de l'aggraver en le touchant. En y chipotant, on risque de l'enflammer ou de le surinfecter avec des bactéries. Le fait de percer votre bouton peut également laisser des marques ou des petites cicatrices. Et si vous ne pouvez vraiment pas résister à la tentation, écartez la peau au lieu de la comprimer et désinfectez votre blessure directement après. Par la suite, évitez de nouveau de la toucher pour minimiser tout risque d'infection et favoriser la cicatrisation.

Chez certaines personnes, le fait de percer ses boutons est même devenu une maladie. Cela s'appelle l'acné excoriée. Cette maladie touche généralement les jeunes filles qui sont sujettes à de l'acné. La personne va analyser chaque centimètre carré de sa peau pour retirer ses boutons dans le but d'avoir une peau parfaite. Sauf que cette obsession de perfection devient maladive. Le malade regratte dès lors sur des plaies qui n'ont pas eu le temps de cicatriser, provoquant des inflammations et des hémorragies. Il n'existe malheureusement pas de traitement miracle contre l'acné excoriée. Il est simplement conseillé aux malades de réduire le nombre de miroir dans l'espace de vie et de collaborer avec un psychiatre.

Clément Dormal