PHOTOS. Il vend des "corona sandwiches" pour affronter la crise

Au premier temps du corona, les touristes ont fui Bethléem. Raed a alors perdu son travail de guide mais, las d'user ses journées à ne rien faire, il a lancé son antidote: un "Corona sandwich" pour "avaler" la crise.
par
sebastien.paulus
Temps de lecture 2 min.

Ces jours-ci à Bethléem, ville palestinienne connue pour sa basilique de la Nativité, érigée sur le lieu de naissance présumé de Jésus-Christ, les guides chassent du regard les rares touristes de passage qui prennent des photos, les marmites d'huile bouillantes ne dorent que quelques falafels, des artisans ont fermé boutique et des hôtels ont mis la clé sous la porte. Mais lorsque la pandémie de Covid-19 est apparue, Bethléem a été bouclée, et Raed Bannoura, silhouette de rugbyman, a perdu sa manne.

AFP / E. Dunand

Après quelques mois à tourner en rond à la maison, il a décidé d'affronter à sa manière la bête, en ouvrant un restaurant au nom pour le moins inusité: le "Corona sandwich". "Il était environ six heures du matin, j'ai réveillé ma femme et lui ai dit: 'Je sais comment nous allons appeler ce restaurant'. Elle a dit: 'Comment?'. Et j'ai répondu: 'Corona'. Elle m'a dit: 'Es-tu fou?' Et je lui ai dit: 'Ce nom va se répandre aussi rapidement que le virus'", raconte-t-il.

AFP / E. Dunand

 "Génie" ou "folie"? 

Dans une rue en contrebas de la basilique, l'immense enseigne jaune du "Corona sandwich", cantine de quelques tables, saute aux yeux. Au menu, Raed propose, parmi moult gueuletons, ce sandwich, mélange de viandes, d'oignons grillés et d'épices "spéciales", enroulé dans une tortilla, mais aussi un "hot-dog Covid-19", avec sa saucisse de boeuf et d'agneau.

AFP / E. DunandLocated in the shadow of the Church of Nativity basilica, Bannura's small cafeteria is easily spotted by its huge red and yellow "Corona Sandwich" sign. (Photo by Emmanuel DUNAND / AFP)

"Je sais que des gens meurent, que le corona est une maladie, mais il y a des gens qui meurent aussi à cause du sucre ou du tabac et nous ne bannissons pas ses mots de notre vocabulaire", argue Raed, à l'heure où les autorités ont enregistré 50.000 cas, dont près de 500 morts, en Cisjordanie occupée. Raed espère tenir son fort jusqu'au retour des visiteurs. Une fois le Covid passé, ces sandwiches seront-ils débaptisés? "Je vais garder le nom, les gens viendront ici, ils se diront: j'ai survécu, j'en suis fier, j'avale et j'enterre ce corona".