Peine de mort confirmée au Maroc pour les assassins de touristes scandinaves

Un tribunal antiterroriste marocain a confirmé mercredi en appel la condamnation à mort de trois hommes pour l'assassinat de deux touristes scandinaves décapitées en décembre au Maroc au nom des djihadistes du groupe Etat islamique (EI). Leur défense a fait part de son intention d'introduire un appel auprès de la cour de cassation.
par
Clement
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Un quatrième homme a vu sa peine alourdie de la perpétuité à la peine capitale. Il avait pris part à l'équipée dans le Haut-Atlas mais était parti avant la tuerie. Au total, 24 hommes soupçonnés d'être liés à ces meurtres et/ou d'appartenir à une cellule djihadiste étaient jugés dans ce procès très suivi.

Le tribunal antiterroriste de Salé, près de Rabat, a confirmé les peines prononcées à l'encontre de 19 accusés, allant de 5 ans à 30 ans de prison, et alourdit la peine d'un autre de 15 à 20 ans. Le seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos, un converti Hispano-Suisse de 25 ans, a préféré donner la parole à son avocat pour redire son innocence. Il a vu sa peine de 20 ans de prison confirmée.

Pas de "responsabilité morale"

Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été assassinées en décembre 2018 alors qu'elles campaient dans des montagnes du Haut-Atlas (sud), au pied des cimes enneigées du Toubkal, le plus haut sommet d'Afrique du Nord, dans le Haut-Atlas, à 80 kilomètres de la capitale touristique Marrakech.

Comme en première instance, le tribunal a condamné les quatre principaux suspects à verser deux millions de dirhams (190.000 euros) de dédommagement aux parents de Maren Ueland. Mais il a refusé la demande de la famille de Louisa Vesterager Jespersen qui réclamait 10 millions de dirhams (930.000 euros) à l'Etat marocain pour sa «responsabilité morale».

Bien que des condamnations à la peine capitale soient encore prononcées au Maroc, un moratoire sur les exécutions est appliqué de facto depuis 1993 et l'abolition de ce châtiment est en discussion.

Appel en cassation

Le procès s'est conclu mercredi avec des mots de défi des trois principaux accusés, avant le délibéré. «Si vous nous condamnez, exécutez-nous, je vous excommunie, je ne crois ni en vos lois ni dans les droits humains», a lancé avec fierté le chef présumé de la cellule radicalisée, Abdessamad Ejjoud, aux juges de la cour d'appel de Salé.

«En général, l'exécution n'a pas lieu au Maroc, même si les condamnés le demande. Ils ont insisté pour que la peine capitale soit appliquée, mais l'Etat n'est pas obligé», a déclaré l'avocate commise d'office des quatre accusés, Hafida Maksaoui, à l'agence de presse norvégienne NTB.

Elle a en outre annoncé qu'un appel allait être introduit auprès de la Cour de cassation, probablement introduit vendredi. Il s'agit de réitérer la demande d'une expertise psychiatrique pour les principaux suspects. La procédure pourrait durer «un petit temps», de l'ordre de plusieurs mois, a précisé l'avocate.

Facilement influençables

Le verdict était attendu, tant selon l'avocate ainsi que selon l'avocat Ragner Falck Paulsen défendant la famille de la Norvégienne Maren Ueland. Celui-ci a en outre déclaré à NTB que les compensations demandées seraient utilisées pour promouvoir «l'éco-philosophie» au Maroc.

Les quatre condamnés, issus d'un milieu modeste et peu instruits, vivaient de petits boulots précaires dans des quartiers déshérités de Marrakech. Ils avaient tourné une vidéo d'allégeance à l'EI, diffusée peu après la tuerie.

Le double meurtre a secoué le Maroc, qui avait jusque là été épargné par les islamistes radicalisés depuis les attentats qui avaient fait 17 morts en 2011 à Marrakech.