"Mon année comme Miss Belgique est complètement tombée à l'eau"

L'année s'annonçait passionnante pour Celine Van Ouytsel (23 ans). Cette juriste a remporté en janvier la couronne de Miss Belgique, mais quelques mois plus tard il lui a fallu la remiser à cause de la crise du coronavirus. Mais tout cela n'a pas affecté outre mesure la sympathique habitante de Herentals. Via Instagram, elle amuse les Belges en quarantaine, elle brise en mille morceaux le plafond de verre et elle s'attaque au racisme. «Intérieurement, cela m'amuse beaucoup que les gens me sous-estiment.»
par
Marie
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Pourquoi vous êtes-vous inscrite à Miss Belgique?

«C'est très cliché, mais c'était mon rêve depuis toute petite. En tant que miss, vous touchez un large public et cela me plaisait. Après avoir terminé mon master en Droit, je me suis dit que c'était maintenant ou jamais. Je voulais tenter ma chance avant de commencer à travailler. Sinon je me le serais reproché toute ma vie. Je me suis investie à 100% et ça a marché!»

Quelles sont les qualités qu'une bonne miss doit avoir?

«Chaque année, c'est une autre jeune femme qui porte la couronne, avec ses forces et son caractère qui lui sont propres. Je ne veux pas me prendre pour ce que je ne suis pas, je garde les deux pieds sur terre et je respecte toujours les autres. C'est aussi le message que je veux transmettre aux Belges.»

On vous surnomme la Elle Woods belge. D'où vous vient ce surnom?

«Lorsque j'étais encore étudiante en droit, un ami avait photoshoppé mon visage et mon chien sur un poster du film Legally Blonde. Je trouve ce surnom très amusant, et en plus il correspond. Je suis blonde, juriste et j'aime le rose. Elle Woods est allée étudier le Droit à cause d'un garçon et moi, je l'ai fait pour moi. (rire) Je trouve important de ne pas me prendre au sérieux.»

Avec vos 87.000 followers, vous étiez déjà avant l'élection très populaire sur Instagram. Comment utilisez-vous les médias sociaux dans votre rôle de Miss Belgique?

«Je trouve sympa d'inspirer des gens et d'être proche d'eux. Les médias sociaux se sont révélés particulièrement utiles pendant la quarantaine. Du jour au lendemain, ils sont devenus mon seul canal de contact avec les Belges. J'ai aussi utilisé ma voix pour motiver mes followers à rester chez eux et désormais aussi à porter un masque. J'ai remarqué que ce sont surtout les jeunes qui se sont ennuyés pendant le confinement. C'est la raison pour laquelle j'ai posté un challenge chaque jour, comme partager des photos d'enfance, dresser un autoportrait, faire du sport...»

Comment la crise du coronavirus a-t-elle changé votre vie?

«Mon année comme Miss Belgique est complètement tombée à l'eau. Tous les voyages, défilés de mode, présentations... ont été annulés du jour au lendemain. Je trouve que c'est dommage, mais tous les Belges étaient dans le même panier. Les mesures ne sont pas plus sévères pour moi que pour les autres. Notre santé est bien plus importante que tous ces événements. Sur le plan personnel, j'ai vécu une période très difficile car ma grand-mère est décédée à cause du coronavirus. C'est justement pour cela que je trouve très important de respecter toutes les règles et de donner le bon exemple.»

Vous avez récemment aussi dénoncé le racisme.

«Il m'est impossible de passer ce sujet sous silence, d'autant plus avec toutes les manifestations actuelles. Les faits se sont certes passés aux États-Unis (le meurtre par un policier de l'afro-américain George Floyd, ndlr), le racisme est aussi un problème chez nous. Je trouve que les Blancs doivent marquer leur soutien. C'est un thème délicat, et j'ai peur de mal m'exprimer, mais le dialogue est tellement important. Quand une autre Miss a récemment posté une vidéo (elle se moquait du fait que les asiatiques ne savent pas prononcer les «r», ndlr), j'ai immédiatement pris mes distances. Se taire serait dans ce cas un mauvais signal. Mais il arrive à tout le monde de commettre des erreurs, et j'espère surtout qu'elle en tirera une leçon. Cette année, pas mal d'erreurs ont déjà été commises, mais nous devons saisir ces opportunités pour changer.»

Les concours de Miss sont souvent qualifiées de «misogynes» ou «stupides». Qu'en pensez-vous?

«Dès que quelqu'un se bat pour l'égalité des droits entre hommes et femmes, je suis à ses côtés. Je suis donc la meilleure preuve que Miss Belgique n'est pas misogyne. Cela reste bien entendu un concours de beauté, mais c'est aussi bien plus que ça. Peut-être que les gens sont induits en erreur pendant le show en live parce qu'ils voient majoritairement des défilés, mais derrière les écrans nous passons trois examens et nous avons de très nombreux entretiens avec le jury. Dans la file des miss, il y a une future docteure et une pilote, ce ne sont donc pas des femmes idiotes. L'apparence est aussi très subjective et éphémère. Je veux encourager les petites filles à donner la priorité à leur intellect. C'est la raison pour laquelle j'ai d'abord décroché mon diplôme avant de participer à Miss Belgique. Personnellement, ces critiques ne me touchent pas. Intérieurement, cela m'amuse beaucoup que les gens me sous-estiment, cela me permet d'autant plus de clouer le bec aux mauvaises langues.»

Pourquoi êtes-vous fière d'être Belge?

«Je suis très fière de notre culture et de nos villes, mais aussi surtout des gens. Nous sommes de gros bosseurs. Mais ce qui me manque chez les Belges, c'est la fierté de notre pays. Pendant les coupes d'Europe et du Monde de football, nous sommes tous unis derrière nos Diables rouges. C'est dommage que nous n'ayons pas la même attitude le restant de l'année.»

Les Belges préférés de Celine

BELGA PHOTO JAMES ARTHUR GEKIERE

Mode: Caroline Biss

Littérature: Pieter Aspe, et enfant Dirk Bracke

Chanson: Angèle

Film: Loft

Acteur: Koen De Bouw

Plat: frites