Michel Sarran de Top Chef : «La télé, ça a complètement changé ma vie»

Alors que le 100e épisode de «Top Chef» était diffusé ce soir sur RTL-TVI, Michel Sarran était en visite à Bruxelles. L'occasion de discuter avec le chef 2 étoiles de son expérience dans l'émission et de sa nouvelle image de personnage public.
par
Marie
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C'est votre quatrième saison dans «Top Chef». Qu'est-ce que vous appréciez le plus dans l'émission?

«Beaucoup de choses. D'abord, que la cuisine soit au cœur de l'émission, le métier est mis en avant. Le niveau de cuisine est aussi de plus en plus élevé, cette année en particulier. C'est une émission où il y a beaucoup de rigueur, il n'y a pas de ‘fake', rien n'est truqué. C'est un vrai concours de cuisine et pas de la téléréalité.»

Quel est votre meilleur souvenir jusqu'à présent?

«Il y a beaucoup de souvenirs, et sur un temps très réduit, sept semaines. C'est une aventure humaine forte. Je me souviens du petit Kevin il y a deux ans qui m'a bouleversé. Ce n'était pas le meilleur cuisinier mais il était tellement positif et attachant! J'ai eu du mal à retenir mes larmes quand il a été éliminé.»

Vous gardez contact avec d'anciens candidats?

«Oui, pas quotidiennement, mais j'ai gardé contact avec certains candidats. Coline et Julien (deux candidats de l'année dernière, NDLR) m'ont appelé pour me demander des conseils.»

Depuis quelques saisons, les chefs font les voix off de l'émission. Vous aimez cet exercice?

«Non, on n'aime pas faire ça mais ça fait partie du job. C'est compliqué parce qu'on la fait en postproduction, une semaine ou deux avant la diffusion de l'émission, alors que l'enregistrement a eu lieu des mois avant. Il faut se replonger dedans. Ce n'est pas simple, ce n'est pas mon métier et on n'est pas coachés. On reçoit un texte que l'on peut modifier et puis voilà. Mais on nous dit quand même si on est mauvais (rires). »

Cette année, la nouveauté pour les chefs, c'est de devoir envoyer en dernière chance un candidat de leur brigade. Comment avez-vous vécu cette nouvelle règle?

«C'est très dur. Pour eux, c'est une aubaine dans le sens que ça leur donne une chance supplémentaire de passer directement, mais pour nous, c'est compliqué parce qu'on doit prendre position. Et il faut que ce soit bien perçu par la brigade. Il faut légitimer ses prises de position.»

Quand vous dégustez à l'aveugle, est-ce que ça vous arrive de reconnaître le plat d'un de vos candidats?

«Non, c'est très difficile. Il y a certains cuisiniers qui ont des marquants forts dans leur cuisine, comme Geoffrey par exemple (le candidat belge, NDLR), dont les origines coréennes ressortent beaucoup. Mais qui ne met pas de gingembre ou de soja dans sa cuisine? On ne peut pas dire que, parce qu'il y a une touche asiatique, c'est forcément Geoffrey. On ne cherche pas à savoir, on juge le plat.»

Par rapport aux autres chefs, vous semblez être le plus cool, le bon copain. Vous êtes vraiment comme ça dans la vie?

«J'essaie d'être à la télé ce que je suis dans ma vie. Je suis quand même autoritaire mais dans le sens où je suis rigoureux. Ça ne passe pas par des mots, une voix qui s'élève ou des brimades. Je préfère expliquer et être dans la pédagogie. Hélène est plutôt gentille aussi et Philippe est un compétiteur mais est très sensible. Mais vous avez raison, c'est moi le plus gentil (rires).»

Vous auriez aimé participer à ‘Top Chef'?

«Non, jamais! Je ne suis pas un compétiteur. Je n'ai jamais fait de concours dans ma vie, ce n'est pas mon truc. Avec le métier stressant que je fais, j'ai plutôt besoin d'exutoires, de découvrir d'autres horizons. J'aime voyager, conduire des voitures sur circuit et piloter des avions.»

Qu'est-ce que la télé a changé dans votre quotidien?

«Ça a complètement changé ma vie. La télé, c'est un outil phénoménal. Je n'imaginais pas à quel point ça allait bousculer ma vie. Ça a été un tsunami mais dans le bon sens. Mon restaurant tourne à 95% de remplissage sur l'année. J'ai des sollicitations en permanence et de toutes sortes, c'est touchant. Je suis devenu un personnage public. Dans mon restaurant, il y a même des gens qui pleurent à table quand ils me parlent. La télé, c'est comme la chirurgie esthétique sauf que vous ne payez pas, ce n'est pas douloureux et l'effet est instantané.»

Votre emploi du temps est plutôt fou pour l'instant. Vous aimeriez lever le pied?

«Ce à quoi j'aspire, c'est d'avoir un peu plus de temps libre pour me consacrer à ce que j'aime. J'ai une maison à Ibiza. Je voudrais plus souvent piloter jusque-là. Mais je fais aussi un métier que j'aime et qui m'apporte beaucoup de plaisir.»

L'appel de Michel Sarran

«Aujourd'hui, les gens sont très sensibles au respect de l'environnement et font des choix pour une meilleure alimentation. Il y a tout un tas de débats mais qui, pour moi, sont secondaires. Le bio, le vegan, c'est très bien mais ce sont souvent des problèmes de riches. Tous les ans, il y a plus de 2 millions d'enfants qui meurent de faim. Ça, pour moi, c'est un combat que l'on doit mener. Quand on est cuisinier, c'est juste inacceptable d'imaginer cela. À notre époque, c'est inadmissible. Je serai tout à fait d'accord pour sensibiliser les gens à cette problématique. Je ne sais pas comment mais si ma médiatisation peut aider, je serais ravi de pouvoir participer à cette cause humanitaire qui me touche énormément.»