Métamorphoses muséales à Mons

par
Nicolas
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Longtemps, l'offre muséale montoise fut restreinte. L'année Mons 2015 permet un sacré coup d'accélérateur en la matière avec l'ouverture de nouveaux lieux aussi variés que surprenants. La technologie invite le public à déambuler dans ces nouveaux espaces culturels qui font se rencontrer art, histoire et architecture.

Musée du Doudou: légendes immersives

Reconnu patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, la Ducasse de Mons, qui se déroule chaque année le week-end de la Trinité, méritait pareil écrin. Centré à la fois sur la procession multiséculaire du Car d'Or et le combat dit Lumeçon, le Musée du Doudou fait le tour des mythes de l'événement. Celui de sainte Waudru (612-v.686), sainte patronne et fondatrice de la capitale hennuyère dont les reliques sont transportées le matin du dimanche de la ducasse dans toute la ville pour la protéger des malheurs. Celui de saint Georges (v.275-303), preux chevalier qui terrassa un monstre gigantesque, dont certains prétendent que c'était un dragon. Très familial, le musée installé dans l'ancien Mont-de-Piété propose une foule d'activités interactives qui inviteront le visiteur à pousser le Car d'Or et à participer au combat, histoire de l'immerger dans ces intenses moments de ferveur populaire.

Mons Memorial Museum (MMM): des bombes et des anges

Mons fut le triste théâtre des deux grands conflits du 20e siècle. C'est une Machine à eau entièrement repensée qui abrite le Mons Memorial Museum (MMM pour les intimes). Après une introduction sur l'évolution politique et militaire montoise du Moyen Âge au 20e siècle, le musée retrace avec quelques-uns des 5.000 objets et documents de la ville la vie des Montois pendant la guerre des tranchées et sous l'Occupation allemande. Les murs blancs de l'extérieur contrastent avec l'obscurité des intérieurs où seules les collections sont éclairées dans une scénographie invitant à la déambulation dans l'Histoire. Pendant la Première Guerre mondiale, Mons devient aussi célèbre pour une légende très populaire au Royaume-Uni : des anges auraient ainsi porté secours aux soldats britanniques lors d'une bataille en août 1914. Depuis lors, chants, peintures et écrits exposés au MMM reviennent sur cet épisode mystérieux.

Silex's – Minières néolithiques de Spiennes: le génie humain

Ici, le visiteur voyage dans 6.000 ans d'histoire. Devenu sédentaire, l'homme du néolithique élève et cultive. Il a besoin d'outils et la terre lui offre le silex qu'il travaille en outils de plus en plus élaborés. Dès le milieu du 19e siècle, des ingénieurs montois pressentent l'existence de puits d'extraction de silex dans les champs de Spiennes, petit village de la campagne montoise. Plusieurs dizaines de ces galeries sont mises au jour par une poignée d'archéologues passionnés. Le nouveau centre d'interprétation, aux allures d'OVNI posé en pleine prairie, vient ainsi mettre en lumière le travail de ces fouineurs avertis qui travaillent ici sous nos yeux sous un bâtiment ultramoderne circulaire. À l'intérieur, un puits permet aux plus courageux de descendre à 8m sous terre dans une des minières préservées (sur réservation). Ceux qui ne goûteraient pas à cette immersion peuvent cependant profiter de l'exposition didactique et d'une visite virtuelle via projection en surface.

Artothèque: dans les coulisses du musée

L'ancien couvent des Ursulines, rafraîchi en extérieur et complètement transformé en intérieur, accueille ce qui se conçoit comme les coulisses du musée. Dans une bulle contemporaine imaginée par les bureaux Gigogne et L'Escaut, toutes les collections non exposées et services des musées montois sont réunis ici sur six étages pour ainsi donner plus de cohérence au pôle muséal. Le visiteur est quant à lui invité dans la petite chapelle attenante, à pénétrer dans une réserve aménagée. Ouvrez les tiroirs dans les grands meubles blancs et faites parler les objets qui s'y cachent grâce aux tables tactiles. Une visite sans guide passant de la médaille napoléonienne au tableau de maître.

Beffroi: on prend de la hauteur

Du haut de ses 87 m et perché sur l'ancienne colline du château comtal, le beffroi de Mons, le seul exemplaire baroque en Belgique, n'était pas du goût de Victor Hugo qui l'a qualifié d'« énorme cafetière, flanquée au-dessous du ventre de quatre théières moins grosses ». Il est néanmoins le symbole de la cité du Doudou. Dès juillet, le public pourra prendre de la hauteur (en ascenseur) pour découvrir les secrets de la tour de pierre après 30 ans de travaux. La vue sur la ville et la région est exceptionnelle. Des écrans interactifs haute définition permettront de visualiser les évolutions du paysage à travers les siècles. Enfin, les plus courageux monteront aux étages du carillon et de son tambour pour l'entendre résonner au plus près.

Nicolas Naizy

Crédits photos : Ville de Mons / Jean-François Berhin / J.-L. Dubois / Lionel Arrys