Maroc: Le Premier ministre préfère la femme au foyer et la compare à un lustre

par
Laura
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Des militantes et responsables politiques marocaines ont exprimé mardi leur indignation, devant le Parlement de Rabat, à la suite de propos du chef du gouvernement islamiste, Abdelilah Benkirane, vantant la place de la femme au foyer. A l'appel de la "Coalition civile pour l'application de l'article 19 de la Constitution", environ 200 personnes, brandissant pour certaines casseroles et cuillères, ont marqué leur courroux contre le chef du parti Justice et développement (PJD). "Sa vision rétrograde, nous ne l'accepterons jamais! Nous refusons cette humiliation de la part d'une personne qui considère les femmes comme des lustres de maison", a déclaré l'ancienne ministre de la Famille, Nouzha Skalli.

La semaine passée, s'exprimant devant le Parlement, M. Benkirane avait ouvertement regretté l'évolution de la société marocaine, fustigeant "le modèle européen" et louant le "rôle sacré" de la femme dans les foyers. "Il y a un problème par rapport au rôle de la femme dans la famille moderne. Lorsque la femme est sortie des foyers, ceux-ci sont devenus sombres. Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où ils y avaient des lustres. Ces lustres étaient vos mères", avait notamment déclaré M. Benkirane.

Ces propos ont entraîné une levée de boucliers, y compris sur les réseaux sociaux sous le hashtag "îanamachitria" ("Je ne suis pas un lustre"). Il s'agit d'un "appel implicite à confiner la femme à la fonction biologique reproductive et au travail domestique", a dénoncé un collectif de dizaines d'ONG locales. Les femmes de l'Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition) ont condamné ces propos, exhortant M. Benkirane "à se concentrer plutôt sur l'application de l'article 19 de la nouvelle constitution" de 2011, adoptée durant le Printemps arabe. Cet article exhorte, entre autres, "l'Etat marocain à oeuvrer à la réalisation de la parité homme-femme".