Les Soprano ont 15 ans

par
Laura
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Pour les 15 ans de la diffusion du premier épisode des Soprano aux USA, HBO propose pour la première fois l'intégrale en Blu-ray des tribulations du caïd dépressif de la mafia du New Jersey campé par le regretté James Gandolfini, pris en étau entre affaires louches et problèmes de famille. Souvent présentée comme l'une, sinon la meilleure série TV de tous les temps, « The Sopranos » (avec un ‘s' en anglais) reste un succès populaire, commercial et critique sans précédent, avec notamment 21 Emmy Awards et cinq Golden Globes à son actif. Cette réussite est-elle toujours justifiée ? Réponse en huit points.

1. Un concept original.

Certes, même en 1999, ce n'était pas la première fois qu'un mafieux passait sur le divan d'un psy (cf. ‘Mad Dog and Glory' en 1993)… sauf sur petit écran. Mais ce qui était vraiment nouveau, c'était un caïd tiraillé entre ses relations criminelles et les proches issus du même sang que lui, où les plus problématiques ne sont pas forcément ceux que l'on croit ! Un concept à même de séduire l'amateur de polar comme de soap. Autre originalité : ici, les membres de la ‘Cosa Nostra' (au sens large du terme) ne sont pas de séduisants hommes de pouvoir, mais de vrais beauf' bas de plafond et débraillés (sauf peut-être Silvio).

2. Un créateur habité par son œuvre.

Entre drame et comédie, ‘Les Soprano' se distinguent surtout par leur authenticité. Le mérite en revient à leur créateur, David Chase (photo en médaillon), qui de son propre aveu s'est inspiré de sa vie personnelle -et notamment de son New Jersey natal (et de ses petites frappes), de ses origines italo-américaines, de sa mère et de son analyste- pour imaginer l'univers de la série.

3. Un casting sur mesure.

Même si pas moins de 27 d'entre eux avaient joué dans le film culte ‘Les Affranchis' de Scorsese, la majorité des acteurs (italo-américains pour la plupart) étaient méconnus avant de rejoindre l'équipe des Soprano. Mais plusieurs se sont distingués, comme Edie Falco, récompensée par deux Golden Globes de la meilleure actrice pour son interprétation de Carmela, Lorraine Bracco (Dr Jennifer Melfi, photo en médaillon) et bien sûr feu James Gandolfini, alias Tony Soprano. Pour l'anecdote, sachez aussi que Tony Sirico (Paulie Walnuts), qui a un passé criminel lié à la Mafia, ne voulait pas jouer les balances, et que Steven Van Zandt, le guitariste de Bruce Springsteen, refusait de prendre la place d'un comédien professionnel. David Chase a donc créé spécialement pour lui le rôle de Silvio Dante, célèbre pour ses imitations d'Al Pacino dans ‘le Parrain', une autre référence du film de mafieux.

4. Des personnages ‘bigger than life'.

Aussi drôles que touchants, les personnages du scénario ne manquent pas d'épaisseur. Difficile en effet d'oublier Livia (feu Nancy Marchand), l'imbuvable mère de Tony, ou Christopher Moltisanti (Michael Imperioli), l'homme de main qui rêvait de devenir scénariste (ce qu'il était pour la série), on en passe et des meilleurs, y compris dans les seconds rôles.

5. Une équipe en or.

Pour situer le niveau, il suffit de citer les noms de Terrence Winter, double lauréat des Emmy Awards, et Matthew Weiner (‘Mad Men'), côté scénario, ou encore Steve Buschemi à la réalisation de quatre épisodes.

6. Le New Jersey.

Dans l'ombre d'un New York surexposé sur grand et petit écran, le New Jersey obtient enfin sa revanche et hérite ici d'une belle vitrine dès le générique où Tony le parcourt au volant. Au point qu'un ‘Soprano Tour' emmène les touristes sur les sites (toujours en activité) de Pizzaland et autre Bada Bing, le fameux club de striptease qui porte en réalité le nom de ‘Satin Dolls'.

7. Des scènes cultes.

Outre les lieux comme ceux cités ci-dessus qui ont servi de décor à des dialogues mémorables, la série a aussi fait parler d'elle pour ses séquences de rêve pouvant durer 20 minutes. Bien avant ‘Game of Thrones', les scénaristes n'ont jamais eu peur non plus de condamner à mort des personnages de premier plan. Sans oublier la scène finale de la dernière saison, qui n'a pas fini d'animer les forums de fans…

8. Une musique atypique.

Première originalité : dans ‘Les Soprano' la musique ne vient pas renforcer l'effet dramatique des scènes de violence, comme c'est souvent le cas. Pour le reste, la bande son balaie presque tous les styles musicaux, d'Andrea Bocelli aux Rolling Stones en passant par Aphex Twin, Britney Spears et Frank Sinatra, dont l'inoubliable ‘It was a very good year' ouvre la deuxième saison. Et bien sûr le générique emmené par ‘Woke up this morning' du groupe britannique Alabama 3.

L'intégrale des Soprano est disponible en Blu ray (28 disques) chez Warner Home Video, avec interviews exclusives de membres de l'équipe, dont David Chase, commentaires et scènes coupées. Prix conseillé : environ 110 €

Ph: Facebook/ Les Soprano