Les naturopathes espèrent toujours leur reconnaissance

Les naturopathes gardent espoir en leur future reconnaissance. Le Conseil d'État a annulé vendredi la décision de la ministre de la Santé publique de refuser l'agrément de l'Union des naturopathes de Belgique (UNB) comme organisation professionnelle de la naturopathie.
par
Nicolas
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Depuis la loi Colla de 1999 et les arrêtés royaux qui en découlent, l'obtention d'un tel agrément est nécessaire en vue de la reconnaissance de la discipline comme pratique non conventionnelle.

À l'heure actuelle, quatre pratiques non conventionnelles sont en passe d'être reconnues: l'homéopathie, la chiropraxie, l'ostéopathie et l'acupuncture. La loi permet également que des chambres de reconnaissance puissent être installées pour d'autres disciplines, notamment à la demande d'organisations professionnelles reconnues. C'est dans cette optique que l'UNB a introduit une demande d'agrément pour la naturopathie, refusée le 24 septembre 2015 par la ministre De Block. Dans la motivation du refus, la ministre a notamment fait valoir la priorité accordée à ce stade aux quatre pratiques inscrites dans la loi et l'ambition de revoir ladite loi afin de mieux intégrer la nécessité de rencontrer la médecine «evidence based».

Le Conseil d'État a estimé que cet argument ne constituait pas un motif valable de refus. Au mieux, la ministre aurait pu exiger une demande d'informations complémentaires.

Des preuves fournies

Le dossier envoyé par l'UNB comportait une liste de membres ainsi que 60 pages de références scientifiques plaidant l'efficacité de la pratique, voire même l'efficacité à moindre coût. «Ces études ‘evidence based' reprennent les normes les plus rigoureuses pour pouvoir dire que la naturopathie est fondée scientifiquement», explique Fatiha Aït-Saïd, présidente de l'Union des Naturopathes de Belgique. «Certains médecins restent critiques, reconnaissent des limites à la naturopathie. Et c'est en toute transparence que nous avons produit ces études, dont certaines sont accessibles librement en ligne.»

L'UNB s'est réjouie de l'arrêt du Conseil d'État. «Cet arrêt ne vaut pas agrément pour la naturopathie», admet-elle. Mais «il ouvre toutefois la possibilité d'une reconsidération réelle du dossier par le politique, dossier qui établit les bienfaits incontestables de la pratique naturopathique». L'organisation entend donc bien réintroduire sa demande d'agrément «au plus vite», précise Fatiha Aït-Saïd.

Des garanties sur la formation

Dans le débat sur la reconnaissance des médecines non conventionnelles, les points de discussion sont souvent les mêmes. Il y a bien entendu la question des preuves scientifiques de l'efficacité de la discipline. Se définissant comme médecine traditionnelle, «la naturopathie intègre aussi les données scientifiques les plus précises, notamment dans le domaine des neurosciences», argumente la présidente de l'UNB.

Interrogée sur l'unité de la discipline Fatiha Aït-Saïd réplique: "Existe-t-il une allopathie unique? Non!" Au niveau mondial, sous l'impulsion de la World Naturopathic Federation et avec le soutien de l'Organisation mondiale de la Santé, il y a une volonté d'harmoniser la discipline. «L'OMS effectue d'ailleurs déjà un benchmark des formations proposées dans le monde, tout en détaillant les normes et les conditions de formations recevables pour reconnaître de nouveaux membres.» L'UNB s'engage d'ailleurs à maintenir des conditions de formation strictes. Sa présidente, insatisfaite des cursus existants, a fondé l'Institut supérieur de naturopathie qui entend respecter des standards élevés. L'organisation reconnaît pour le moment 25 praticiens mais tous installés en Belgique francophone. L'UNB reconnaît qu'il reste du chemin à faire. La bataille juridique entre les naturopathes et la ministre va donc se poursuivre.