Les graines de stars de l'agriculture urbaine

Depuis un an, la ferme à micropousses «Eclo» s'est installée à Anderlecht. Délicieuses, très intéressantes au niveau nutritif, poussant en quelques jours seulement : aucun doute, ces minuscules végétaux ont de l'avenir dans le développement de l'agriculture urbaine de demain.
par
Camille
Temps de lecture 4 min.

Depuis un an, la ferme à micropousses «Eclo» s'est installée à Anderlecht. Délicieuses, très intéressantes au niveau nutritif, poussant en quelques jours seulement: aucun doute, ces minuscules végétaux ont de l'avenir dans le développement de l'agriculture urbaine de demain.

Quentin Declerck est passionné par l'agriculture urbaine. Après une formation dans cette matière à Gembloux, il part au Québec chercher l'inspiration. «Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas encore de boulot dans ce secteur à Bruxelles et j'ai eu envie de développer mon propre projet en m'inspirant de ce qui se fait ailleurs», explique-t-il. Là-bas, il découvre les micropousses et rencontre un des plus grands spécialistes au monde de l'agriculture urbaine. Ce dernier lui propose d'essayer son idée de micropousses dans sa serre à l'université. «Nous avons fait des protocoles de recherche sur 40 sortes que l'on a vendues en porte à porte et ce fut un succès.»

Sept jours pour pousser

Un des gros avantages de ce type de culture c'est qu'elle est très productive, très rapidement. «Les micropousses sont cueillies après sept jours environ. Elles sont trois jours dans le noir puis sous la lumière pendant encore trois ou quatre jours. Tout ce temps, elles sont dans du terreau bio mais hors sol, donc pas en pleine terre.» Le fait de pousser aussi rapidement dans du terreau hors sol et en partie sans lumière constitue des atouts très importants pour l'agriculture urbaine. «On pourrait en faire pousser un peu partout en ville, dans des caves par exemple. Et cela ne prend pas beaucoup de place car on peut les placer verticalement, en étages.» Et finalement, cela permet des prix tout à fait abordables: la barquette est vendue à 2 € seulement (en magasins bio ou sur place, sur le site «Abattoir» à Anderlecht).

Du circulaire… tant qu'à faire!

De retour à Bruxelles, le jeune entrepreneur s'attèle à trouver son espace de production. Il contacte alors «Champignons de Bruxelles», qu'il connaissait déjà un peu et qui produit ses champignons de manière circulaire, sur le site «Abattoir». «J'ai demandé si je pouvais avoir un petit espace dans leur serre d'incubation et ils ont dit oui. J'ai lancé ma première production avec sept variétés qui poussent très rapidement: tournesol, radis, pois, bourrache, chou rouge, roquette et moutarde». Champignons de Bruxelles cultive ses variétés en utilisant un déchet: le marc de café. Le fait de se greffer à cette production permet aux micropousses de créer une nouvelle boucle circuclaire: «les champignons dégagent de la chaleur et du CO2 et mes micropousses les utilisent pour se développer.»

Un concentré de goût et des nutriments

«La bourrache a un goût de concombre», affirme Quentin Declerck, qui explique que la micropousse ne goûte pas forcément le végétal qu'il va devenir. «C'est très intéressant au niveau gustatif, cela permet de nouvelles choses. Et comme c'est très fort et plus ou moins piquant, on peut les utiliser en les saupoudrant simplement sur une salade ou un potage.» Avantages également, ces productions sont 100% locales mais aussi sans pesticides car il n'en a simplement pas besoin.

Et puis, ces petites pousses si délicates sont des bombes de nutriments car elles renferment déjà toutes les vitamines, minéraux et fibres qu'aura besoin la plante pour pousser. Dans un kilo de micropousses de brocoli, on retrouve jusqu'à 40 fois plus de nutriments que dans le légume à maturité.

L'agriculture urbaine s'installe dans la capitale

Cultiver en ville peut prendre plusieurs formes: agriculture verticale, aquaponique, sur les toits, dans les caves… À Bruxelles, cela fait plusieurs années que l'agriculture urbaine essaye de se faire une petite place, avec, par exemple, des productions circulaires, telles que les Champignons de Bruxelles. Cette année, la tendance s'est fortement accélérée avec, rien qu'en 2018, au moins trois nouvelles installations d'envergure. Il y a «BIGH», la plus grande ferme aquaponique urbaine d'Europe (l'aquaponie est une méthode de culture hors sol, qui utilise la symbiose entre les poissons et les végétaux, ces derniers se nourrissant des déchets produits par les poissons), qui est également située sur le site «Abattoir» à Anderlecht (sur le toit du «Foodmet»). Mais aussi «Peas&love» et ses 260 parcelles de potagers urbains partagés, installés sur le toit de l'immense centre commercial Caméléon à Woluwe-Saint_lambert. Ou encore le «Bois de Rodebos», à Rhode saint Genèse, qui est composé de trois hectares de cultures agroforestières destinés à alimenter en circuit court local restaurants et magasins bruxellois.

Lucie Hage