Les 10 quartiers du futur en Wallonie

En juin dernier, le gouvernement wallon a approuvé la liste de 10 nouveaux quartiers aux quatre coins de la région. Hier, les communes choisies ont présenté à Gembloux leurs ambitieux projets destinés à répondre au défi démographique, qui recevront un accompagnement privilégié de l'administration régionale.
par
Nicolas
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L'histoire remonte à 2015 quand l'actuel ministre de l'Aménagement du territoire Carlo Di Antonio (cdH) lance un appel à projets pour l'attribution du label Quartiers nouveaux. L'exercice part d'un constat: d'ici 2040, la Wallonie accueillera 435.000 nouveaux habitants, soit 300.000 ménages. Il faut les loger (quelque 12.000 logements par an devraient ainsi être construits). Les investisseurs privés ont besoin de projets porteurs d'envergure pour se lancer. «Outre le défi démographique, nous avons aussi besoin de logements plus petits à cause du vieillissement de la population et de la réduction de la cellule familiale», souligne le ministre. L'objectif est en même temps de réduire l'étalement urbain, qui a gravement pesé sur les besoins en infrastructures et profondément modifié les paysages wallons.

Reprenant la formule «construire la ville sur la ville», le gouvernement entend aider une série de projets qui occuperaient des terrains de minimum 15 hectares destinés à la réaffectation et sur lesquels les communes disposent d'une certaine maîtrise foncière. Dans les municipalités, on voit dans cette opportunité une chance pour accélérer des projets qui sont déjà dans les tiroirs, comme ce fut le cas à Andenne, à Liège ou encore à Arlon. Mais c'est aussi l'occasion de se projeter dans l'avenir pour relancer une économie locale parfois mal en point. En tout, dix projets ont été retenus.

Du vert et du mobile

Carlo Di Antonio voit en l'expérience un laboratoire pour les urbanistes et les architectes. «Nous intégrons toutes les réflexions sur l'énergie et les impacts environnementaux afin que ces projets servent d'exemples pour le futur de la Wallonie», explique le ministre. «Le but est également pour l'administration wallonne d'identifier tous les freins (législatifs et administratifs) et de les éviter pour les projets futurs. Ce sont donc des quartiers exemplaires aussi pour l'amélioration des administrations.»

Tous les projets comportent une part majoritaire de nouveaux logements (publics et privés) mais misent également sur un mix d'activité économiques et sociales pour ne pas construire des cités-dortoirs sans vie et faire de ces nouveaux quartiers des (petits) poumons d'emplois.

Chacun d'entre eux mettent en avant des arguments environnementaux qu'ils soient situés dans des zones métropolitaines ou en zones rurales. Ainsi Arlon prévoit une «coulée verte» à travers son site de Seymerich reliant une zone Natura 2000 au cœur de la ville historique. À Charleroi, on pense pouvoir utiliser le terril des Hiercheuses comme ressource en tant que masse en combustion. L'agriculture urbaine réunit bon nombre des projets -Andenne prévoit quasiment l'autosuffisance du quartier à terme- tout comme une autre mobilité. Le futur «Bon air» à Leuze sera relié au centre-ville par une «Naverte», un véhicule électrique qui empruntera le Ravel adjacent. Quand Arlon prévoit une partie de son quartier sans voiture, Louvain-la-Neuve privilégiera du piétonnier et du cyclable. La voiture est d'ailleurs souvent tenue à l'écart des espaces publics (places, parcs,...) prévus dans les nouveaux quartiers.

Premiers coups de pelle ?

Du vent, de l'utopie? Non, assure-t-on. Mais on ne verra pas s'installer demain de nouveaux voisins. Certaines projections ont un objectif d'aboutir en 30 ans. Cependant, les projets retenus se sont engagés à réaliser minimum 2 ha de leur superficie dans les trois ans. Ce qui pose la question des délais qui s'allongent souvent dans les projets urbanistiques.

C'est là qu'intervient la Région qui laisse la main aux communes sur le choix des partenaires (privés, associatifs et publics) mais s'engage à mobiliser des fonctionnaires délégués pendant trois ans et des équipes d'experts techniques, juridiques et financiers. Une méthode «révolutionnaire» selon Carlo Di Antonio qui rappelle que ce n'est pas Namur qui impose les projets mais entend les soutenir. La Région ne promet pas de subsides mais des «délais maîtrisés» pour l'attribution des permis. «L'idée est d'engager une vraie dynamique pour inclure d'autres projets», conclut le ministre qui entend ainsi rassurer des communes qui n'auraient pas pu profiter d'un tel accompagnement. Car les projets ne manquent pas.

Voici les 10 projets

Andenne : le site d'Anton, le long de la Meuse, prévoit un quartier multifonctionnel avec à terme 1.600 unités habitables mais aussi de l'agriculture urbaine.

Arlon : 700 habitations dont un quartier sans voiture, un projet participatif et intergénérationnel sans oublier de l'agriurbain sur le site du Seymerich.

Bastogne : 658 logements diversifiés au Chenêt-Vevy pour répondre à la demande forte dans cette région à proximité du Grand-Duché.

Binche : le long de la Samme, la Cité du Gille prévoit 700 appartements hors du bâti séculaire du centre-ville. Pour l'instant, l'Îlot des Pastures représenté ci-dessus a déjà reçu une offre.

Charleroi : des terrains privés pour 400 logements éco-durables utilisant le terril des Hiercheuses comme ressource énergétique et paysagère.

Leuze-en-Hainaut : l'agriculture servira de liant à un vaste ensemble programmant 700-800 logements avec le Ravel comme lien avec le centre-ville.

Liège : en mars 2017, le marché public pour un éco-quartier à Coronmeuse devrait être attribué. Relié au reste de la ville par le futur tram, le site prévoit 1.200-1.500 logements.

Marche-en-Famenne : en manque de terrains, la commune prévoit plusieurs quartiers passant par la réhabilitation de sites déjà occupés notamment par des logements publics désuets.

Ottignies-Louvain-la-Neuve : en bordure du Bois de Lauzelle, un nouveau quartier est prévu sur des terrains de l'université. Piétons et cyclistes seront privilégiés.

Tubize : Duferco et la commune travaillent à la réaffectation du site des Forges de Clabecq: 2.500 nouveaux logements, des commerces et des équipements communautaires.

Nicolas Naizy