Le webtoon, la BD qui se lit du bout du pouce

par
Nicolas
Temps de lecture 3 min.

Lancé à Angoulême, le site Delitoon entend populariser le webtoon, de la bande dessinée à lire sur smartphone. Succès de masse en Corée du Sud, cette nouvelle expérience de BD espère séduire les lecteurs « on the move ».

Dans le métro de Séoul, ils sont des milliers à river leurs yeux sur leur écran de smartphone. Rien d'étonnant à cela, mais ce qu'il regarde avec tant d'attention, c'est du webtoon. Entendez par là une bande dessinée qui se lit à la verticale en faisant défiler son écran de la pointe du pouce (en «scrollant», dirait-on en langage technique). Les récits en images se découpent en épisodes et abordent tous les genre, de l'humour à l'horreur, en passant par l'aventure, le thriller ou encore la romance. On s'abonne à une plateforme qui regroupe plusieurs titres et on fait son petit marché.

Un 1er catalogue en français

Éditeur chez Casterman, Didier Borg se rend plusieurs fois en Corée par an et a assisté à un vrai phénomène de société. «Le marché s'est structuré aujourd'hui autour de quatre plateformes», nous explique-t-il. «Il a démontré à s'exporter d'abord au Japon et ensuite en Indonésie, à Taïwan et en Chine.» Et bientôt en France, en Belgique et dans le monde francophone, espère celui qui a lancé ce week-end à Angoulême le site Delitoon.com, première plateforme officielle du genre en français.

Ce site internet, entièrement «responsive» (adaptable sur tous les écrans), propose pour l'instant une dizaine de séries webtoon (une centaine d'ici fin 2016), des traductions d'œuvres coréennes. Cette première sélection joue la carte d'une certaine diversité. «The I» suit l'effarement d'un banal père de famille qui voit les siens devenir de vrais étrangers. Plus quotidienne, «M.Tout-le-monde» retrace l'histoire d'un Mr Nobody coureur de jupons autour de la photocopieuse du bureau... Pour Didier Borg, l'universalité des histoires en webtoon ne fait aucun doute. «Le manga est très différent avec de vraies spécificités propre à la culture japonaise. La force du webtoon, c'est découvrir sa valeur identitaire par le dessin et ce qui est raconté. Ce sont de petites subtilités qui nous font découvrir la culture coréenne. Mais il s'agit surtout de récits populaires qui permettent de toucher le plus grand nombre.

Des créations franco-belges

En plus de l'«import» sud-coréen, Delitoon entend proposer de la création européenne. Nombreux sont les auteurs européens à avoir expérimenter la BD numérique (du simple PDF des planches à feuilleter sur tablettes au développement du turbomédia qui zieutait sur l'animation) avec un succès jusqu'alors mitigé. Pour lancer le site, Delitoon profite de son partenariat avec Casterman (non exclusif, nous assure Didier Borg) pour proposer la série à succès «Lastman» de Vivès, Balak et Sanlaville. Les cases défilent sous les doigts et on constate rapidement que la lecture est une expérience en soi, tout en étant dans un univers connu. «C'est de la BD, mais elle est différente dans sa nature. Je la vois plus proche du cinéma, je peux doser mon plaisir», ajoute le dirigeant de Delitoon. «Le défi est de surprendre le lecteur, par l'isolement de la case.» Un challenge qui doit dépasser la simple adaptation du papier mais de la vraie création webtoon. Le studio est prêt, nous confie Didier Borg.

Si les premiers épisodes proposés sur le site sont gratuits, il vous faudra acquérir des crédits à dépenser pour lire la suite (de 3,99€ pour 14 crédits à 49,99€ pour 200, sachant qu'un épisode s'échange à partir de deux crédits). Didier Borg voit dans le webtoon une évolution essentielle de la BD qui va chercher son lecteur en mouvement. De quoi peut-être occuper vos trajets quotidiens.