Le portique désinfectant se veut une porte de sortie à la crise de la Covid-19

Des portiques désinfectants, diffusant une fine brume virucide, comme porte de sortie à la crise sanitaire ? Des prototypes développés par le Dr Matthieu Rigaud, sur la Côte basque, sont actuellement testés dans des Ehpad.
par
sebastien.paulus
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Grâce à un système de nébulisation, les portiques pensés par le Dr Rigaud diffusent en brume très fine, générée par ultrasons, un produit désinfectant novateur développé avec le laboratoire de produits sanitaires Slea, basé à Toulon. Et dont l'efficacité n'a pas encore à ce jour été sanctionnée par les autorités de santé.

"C'est un produit qui désinfecte à la fois les personnes et les surfaces: les chaussures, les vêtements, les mains, le cou, les cheveux, le visage", assure le médecin. "A 30 secondes, on atteint 99% de réduction du titre viral", c'est-à-dire que 30 secondes après le passage sous le portique, "ce que vous avez de Covid-19 sur vous est éliminé à hauteur de 99%".

Ces données ont été établies par un laboratoire indépendant qui a rendu ses conclusions le 12 avril. Un an de recherches et deux phases de tests ont été nécessaires pour parvenir à un produit stable et non toxique.

"On voulait quelque chose qui soit efficace et qui ne soit pas de la poudre aux yeux", explique Sébastien Baldi, responsable du laboratoire toulonnais, associé à la démarche du Dr Rigaud.

Le produit, déclaré auprès des autorités sanitaires françaises et européennes, ne contient ni dérivés du chlore ou d'alcool de synthèse, comme on peut en retrouver dans d'autres désinfectants. "On utilise un produit de base végétale quasiment 100% naturel, pas nocif par voie respiratoire ou cutanée. Il ne dégrade pas non plus l'environnement", affirme M. Baldi.

Les deux hommes en ont déposé le brevet en janvier. Matthieu Rigaud espère maintenant faire mouche auprès des décisionnaires que sont la Direction générale de la santé et son ministère.

Stade de foot ou hôpital

"Nous, ce qu'on vise, c'est diminuer très fortement le risque de cluster. Par exemple, vous avez un stade de foot avec 50.000 personnes, vous les faites passer par le portique, vous leur mettez un masque et vous êtes très très faible en risque de contamination parce que le portage a été éliminé".

Même chose pour les hôpitaux, les mairies, les théâtres, les palais de justice, énumère le médecin basque. Mais il est difficile toutefois de déterminer la durabilité de la protection. "Selon ce que vous faites, ou si vous touchez une souillure juste après, donner une durée d'efficacité est incompatible avec la précaution sanitaire", précise le Dr Rigaud.

"En première ligne l'année dernière avec SOS Médecins sur la Côte basque", le Dr Rigaud voit là une porte de sortie qui permettrait de rouvrir rapidement les lieux accueillant du public. C'est son profil qui a convaincu la direction de deux Ehpad des Bouches-du-Rhône, à Lambesc et Saint-Cannat, d'installer des portiques à l'accueil des deux établissements.

"Après des moments pas toujours faciles, il fallait faire revenir les visiteurs et les familles, commente Fabienne Coutouly, attachée de direction des deux établissements. Les portiques rassurent beaucoup." Installés depuis le début janvier, ils sont venus en supplément de l'ensemble des restrictions sanitaires déjà observées. "On n'a pas eu de cas de Covid depuis le début de l'année", se félicite Mme Coutouly.

Les deux établissements "tests" sont pour l'instant les seuls à avoir franchi le pas. "On est un peu des pionniers mais quand on évalue le bénéfice et le risque ça ne pouvait pas nuire. Et les résultats démontrés maintenant par les laboratoires prouvent qu'on a eu raison."

Sollicitée, l'Agence régionale de santé (ARS) Paca, qui n'avait pas donné son feu vert à cette installation, préfère se "ranger derrière la ligne de la Direction générale de la santé". Laquelle estimait, fin 2020, que "les données scientifiques à ce jour ne sont pas suffisantes pour confirmer l'efficacité de ces procédés".

Le Haut conseil de la santé publique a également recommandé, en juillet 2020, la "mise en place d'un groupe de travail interdisciplinaire" pour déterminer "l'efficacité et l'innocuité" des portiques de désinfection.