Le no-bra séduit de plus en plus

Pendant le confinement, le soutien-gorge a disparu des poitrines, et le no-bra, qui existe et se pratique depuis les années 70 par une minorité de femmes jusqu'ici, semble se normaliser aux yeux. Une enquête Ifop pour Xcams se penche sur cette démocratisation du no-bra et s'interroge sur sa pérennité après le confinement.
par
oriane.renette
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Une tendance qui s'affirme surtout chez les moins de 25 ans

Une étude Ifop pour Xcams réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 9 au 12 juin 2020 auprès d'un échantillon de 3 018 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine, montre des chiffres assez significatifs : la proportion de Françaises ne portant pas de soutien-gorge est passée de 3% avant le confinement à 7% aujourd'hui. Chez les femmes de moins de 25 ans, ce chiffre est même passé de 4% à 18% !

La taille compte plus que les convictions féministes

Interrogées sur leur pratique du no-bra, 44% de femmes disent avoir déjà pratiqué le no-bra dans un lieu public. L'étude détaille aussi les facteurs influençant les comportements des femmes vis-à-vis du soutien-gorge. Ainsi, on apprend que la taille du bonnet et la chirurgie esthétique jouent un rôle important dans le choix de porter un soutien-gorge : les femmes faisant un bonnet A sont 57% à pratiquer le no-bra, contre 39 % pour celles faisant un bonnet D. C'est encore plus flagrant pour la chirurgie esthétique : elles sont 78 % à le pratiquer après une mammoplastie avec prothèse, contre seulement 46% avec des seins naturels. Un facteur peu significatif est celui des convictions féministes : elles sont 47% à le faire parmi celles qui se disent très féministes, contre 42% parmi celles qui se déclarent pas du tout féministes.

La perception de la poitrine féminine : un organe encore sexualisé

Une autre partie de cette étude s'intéresse à la perception de la poitrine féminine dans un lieu public : hommes et femmes répondent à 89% qu'une femme qui ne porte pas de soutien-gorge est une femme qui s'habille simplement comme elle en a envie. Par contre, les femmes sont 60% à penser que le no-bra est inapproprié sur un lieu de travail, contre 46% pour les hommes. Effectivement, la sexualisation de la poitrine féminine est encore très ancrée dans les mentalités : 51% des hommes et 46% des femmes pensent qu'une femme qui ne porte pas de soutien-gorge dans la rue est plus susceptible de se faire harceler voir agresser.

Pourtant, les hommes comme les femmes sont plutôt favorables à une évolution de la législation : 60% des hommes et 65% des femmes sont favorables à l'interdiction pour les hommes d'être torse nu dans la rue et l'espace public, 53% des hommes et 63% des femmes sont favorables à une évolution de la loi afin que les seins des femmes ne soient plus considérés comme des organes sexuels, et 46% des hommes et 54% des femmes souhaitent une loi interdisant aux réseaux sociaux de censurer les tétons des femmes alors qu'ils ne censurent pas ceux des hommes.