Le Japon totalement sidéré par la fuite de Carlos Ghosn

Comment Carlos Ghosn, l'un des hommes les plus connus et reconnaissables de la Planète, a-t-il pu quitter le Japon sans être repéré, quelles conséquences sur son procès ? Ce sont les premières questions qui se posent au Japon où la sidération l'emporte aujourd'hui.
par
Camille
Temps de lecture 2 min.

L'ex-magnat de l'automobile de 65 ans, qui possède trois nationalités (française, libanaise et brésilienne), est parvenu à sortir de l'archipel où il était en liberté surveillée sans que quiconque ne s'en aperçoive. Alors qu'il préparait son procès avec assiduité, selon ses défenseurs, et semblait, selon des proches, se plier avec application à toutes les règles imposées (pas de séjour à l'étranger, ne pas voir ni contacter sa femme, rapporter toutes ses rencontres, ne pas quitter Tokyo plus de trois jours), cette fuite a surpris tout le monde.

Son principal avocat, Junichiro Hironaka, qui a appris la nouvelle «par la télévision», s'est dit «abasourdi». «Bien sûr que c'est inexcusable, puisque c'est une violation des conditions de sa libération sous caution, c'est illégal au regard de la loi japonaise, mais pour autant, de là à dire que je ne comprends pas son ressenti, c'est une autre histoire», a-t-il déclaré aux médias, visiblement affecté.

AFP

Selon une source anonyme de la chaîne publique NHK, «l'Agence des services d'immigration a indiqué n'avoir aucune trace quelconque» (informatique, vidéo) d'un Carlos Ghosn quittant le pays. Or, ses trois passeports officiels sont détenus par ses avocats japonais, garants du respect des condition de sa liberté sous caution. Ces sésames sont toujours en leur possession, a précisé mardi M. Hironaka, ce qui laisse supposer que M. Ghosn a fui avec un autre document ou en échappant à des contrôles.

 

L'hypothèse d'un procès s'éloigne

Des critiques de parlementaires commençaient à fuser sur les réseaux sociaux, telle celle de Masahisa Sato, du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir, jugeant «problématique qu'un pays laisse ainsi faire un départ illégal».

En l'état, les procureurs nippons apparaissent bien démunis. Selon M. Hironaka, en toute logique, la libération sous caution va être annulée, l'argent versé (quelque 12 millions € au total) gardé par la justice. Mais en l'absence de traité d'extradition entre Beyrouth et Tokyo, Carlos Ghosn a peu de risque d'être renvoyé au Japon.