Le Japon se souvient de la première attaque nucléaire il y a 75 ans

Le Japon a commémoré jeudi la première attaque nucléaire de l'histoire, survenue il y a 75 ans, le 6 août 1945, à Hiroshima. Le contexte particulier de la pandémie de coronavirus a contraint à limiter cette année les hommages aux victimes.
par
sebastien.paulus
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Des survivants de la bombe atomique, des descendants de victimes, le Premier ministre japonais Shinzo Abe et quelques représentants officiels étrangers ont participé à la principale cérémonie du souvenir en début de matinée à Hiroshima (ouest du Japon), la plupart portant des masques.

Le grand public en revanche n'avait pas été convié à l'événement en raison du Covid-19, et a dû se contenter de suivre la cérémonie en ligne. D'autres événements ont été complètement annulés, dont la cérémonie des lanternes flottantes de Hiroshima, déposées à la tombée de la nuit chaque 6 août en mémoire des victimes.

Une prière silencieuse s'est tenue à 08h15 pile heure locale (01h15 HB), marquant l'instant précis où la bombe atomique a explosé dans le ciel de Hiroshima, il y a 75 ans. «Nous ne devons jamais permettre que ce passé douloureux se répète», a déclaré dans un discours le maire de la ville, Kazumi Matsui, appelant la société civile à rejeter le «repli sur soi» des nationalismes.

"Un monde sans arme nucléaire"

«Je m'engage à faire de mon mieux pour l'avènement d'un monde sans armes nucléaires et d'une paix durable», a promis de son côté M. Abe, souvent critiqué pour son intention de réviser la constitution pacifiste japonaise.

La bombe «Little Boy» a fait environ 140.000 morts à Hiroshima. De nombreuses victimes ont été tuées sur le coup, et beaucoup d'autres sont décédées des suites de leurs blessures ou des radiations dans les semaines et les mois suivants. Trois jours plus tard, une deuxième bombe A américaine était larguée sur Nagasaki (sud-ouest), causant 74.000 morts supplémentaires.

Ces deux bombes d'une puissance destructrice inédite à l'époque ont achevé de mettre le Japon à genoux: le 15 août 1945, l'empereur Hirohito annonçait à ses sujets la capitulation face aux Alliés, signant ainsi la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les historiens continuent cependant de débattre sur la question de savoir si cette double attaque nucléaire a réellement permis d'épargner davantage de vies en précipitant la fin du conflit.

Une ampleur sans précédent

Beaucoup considèrent comme des crimes de guerre les attaques nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki, de par l'ampleur sans précédent de leurs dévastations et leur grand nombre de victimes civiles. Quelque 136.700 survivants de Hiroshima et Nagasaki, appelés «hibakusha» au Japon, vivent encore aujourd'hui. Mais avec un peu plus de 83 ans d'âge moyen, leurs forces diminuent et ils cherchent à passer le relais du témoignage aux nouvelles générations.

Avec l'aide d'autres militants contre l'arme atomique, des hibakusha ont créé des archives de leur mémoire, que ce soit sous forme de témoignages enregistrés, de poèmes ou de dessins. En dépit de ces initiatives, beaucoup redoutent une perte d'intérêt pour leur héritage quand ils ne seront plus là, et ce bien que la menace nucléaire reste toujours d'actualité.

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