Le Canada s'organise avant la légalisation du cannabis

La vente légale de cannabis dans moins d'un an au Canada se fera, du moins en Ontario la province la plus peuplée, dans des boutiques ayant pignon sur rue ou sur internet sous le contrôle étroit des pouvoirs publics.
par
Nicolas
Temps de lecture 3 min.

Dès le 1er juillet 2018, fête nationale du Canada et date fixée pour la légalisation du cannabis, une bonne douzaine de magasins en Ontario (centre) vont en vendre pour un usage récréatif à toute personne de plus de 19 ans, a indiqué vendredi le gouvernement provincial.

Le réseau de distribution est appelé à s'étendre rapidement dans cette province peuplée de 14 des 36 millions d'habitants du Canada.

"Environ 150 magasins seront ouverts d'ici 2020" dont une bonne moitié d'entre eux avant le 1er juillet 2019, soit un an après la légalisation du cannabis, a annoncé le gouvernement ontarien. À titre de comparaison, le gouvernement a un réseau d'environ 900 points de vente pour l'alcool à travers la province.

La distribution du cannabis est un véritable casse-tête pour les dix provinces et trois territoires.

Endiguer le trafic illicite

Bâtir un réseau de magasins dans une province grande comme deux fois la France prend du temps et l'Ontario va dès le 1er juillet prochain vendre en ligne du cannabis, seule façon d'éviter au mieux les risques de trafic illicite.

"À mesure que nous créerons un réseau de distribution sûr et responsable pour le cannabis récréatif, notre double objectif empêchera la vente de cannabis illégal", a estimé vendredi Yasir Naqvi, ministre provincial de la Justice lors d'une conférence de presse à Toronto.

La vente se fera derrière "un comptoir et il n'y aura pas de libre-service" dans les boutiques et, comme pour la vente d'alcool déjà réglementée, une "vérification de l'âge des clients" sera faite, a-t-on indiqué.

"Nous savons que le cannabis peut affecter le développement cérébral des jeunes", a convenu Yasir Naqvi qui a cherché à rassurer les parents.

Une vente très encadrée

Comme pour l'alcool, un jeune de moins de 19 ans ne pourra pas acheter du cannabis en Ontario, une mesure qui selon le ministre "permettra à la police de confisquer des petites quantités de cannabis" que pourraient détenir des mineurs "sans une inscription à leur casier judiciaire".

Critiqué par le corps médical pour avoir laissé aux provinces le soin de décider de l'âge légal pour fumer du cannabis, le gouvernement fédéral a promis vendredi une enveloppe de 274 millions de dollars canadiens (190 millions d'euros) pour contrôler les trafics de stupéfiants et détecter les automobilistes sous influence de drogues.

"L'approche actuelle entourant le cannabis ne fonctionne pas",  le crime organisé engrangeant toujours les bénéfices de son trafic, pendant qu'il s'avère impossible de "tenir le cannabis hors de la portée des jeunes Canadiens", a reconnu le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale.

Le contrôle rigoureux de la distribution du cannabis doit donc éviter les travers tant au niveau de la santé publique que de la criminalité.

Fiscalité à minima

De plus, les pouvoirs publics veulent contrôler les recettes liées à cette légalisation sans pour autant en tirer profit fiscalement comme c'est le cas pour les carburants ou l'alcool.

"Les recettes (fiscales) ne devraient pas être notre objectif" au moment de fixer le niveau des taxes à la vente de cannabis, avait déclaré fin juin Bill Morneau, le ministre des Finances. Une fiscalité à minima sur la cannabis limiterait, selon lui, le développement d'un marché parallèle qui serait aux mains du crime organisé.

La légalisation de l'usage du cannabis récréatif va permettre à un adulte d'en cultiver jusqu'à quatre plants et d'en posséder au maximum 30 grammes dans l'espace public.