Le bourdonnement des drones bientôt dans notre quotidien ?

par
Laura
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Villes et campagnes seront-elles bientôt troublées par un bourdonnement artificiel incessant ? Pour livrer à domicile, surveiller ses champs ou filmer ses exploits en ski, les drones sont appelés à rapidement envahir notre quotidien. En mai prochain une nouvelle étape rapprochant la science-fiction de la réalité sera franchie: le premier drone automatique grand public, sans télécommande, sera commercialisé pour 800 euros. Tel un chien bien dressé, le Hexo+, équipé d'une caméra GoPro et de six hélices, évolue dans les pas de son maître grâce à une petite antenne radio branchée sur le smartphone de ce dernier. Développée par la startup française Squadrone System, cette technologie cible les amateurs de sports extrêmes qui veulent immortaliser leurs exploits ou améliorer leur technique. Volant dans les airs jusqu'à 70 km/h, le drone suit son utilisateur et le filme alors qu'il dévale les pentes à ski ou surfe une belle vague. Cette technologie, qui suscite la convoitise de grands fabricants de drones, sera-t-elle détournée, par exemple pour surveiller ses enfants au jardin public? Le cofondateur de Squadrone et ex-champion du monde de snowboard Xavier Delerue ne le croit pas: "La réglementation protège des utilisations abusives", c'est-à-dire les vols en zones urbaines, dit-il à l'AFP. Livraisons à domicile Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, l'accélération des innovations a pris de court les législateurs qui cherchent désormais à se préparer à la colonisation des ciels par ces petits robots à hélices. A la différence des drones militaires, les appareils civils ont toutefois une autonomie très limitée (entre 8 et 20 minutes) et peuvent, pour le moment, à peine transporter une petite caméra. Qu'importe, PME et multinationales, comme le leader de la vente sur l'internet Amazon, multiplient les annonces : les livraisons se feront bientôt par drones. La chaîne russe de restauration rapide Ilya Farafonov a ainsi inauguré fin juin son premier appareil livreur de pizza. A terme, l'entreprise souhaite étendre l'expérience aux 18 villes où elle est implantée. Pour nombre de "dronologues", recourir à des flottes de petits aéronefs pour livrer des hamburgers ou des livres n'a "aucun sens" car les infrastructures pour acheminer de telles commandes ne manquent pas. "Pourquoi ne pas utiliser cette technologie pour sauver des gens?", se demande plutôt Andreas Raptopoulos, PDG de la startup californienne Matternet. Cet entrepreneur grec a créé sa société pour mettre sur pied des réseaux de drones servant à acheminer des médicaments, des trousses médicales d'urgence ou des rations de survie à des personnes touchées par des conflits ou des désastres naturels. Matternet a déjà effectué des essais en Haïti et elle doit tester en septembre l'acheminement de prélèvements sanguins avec l'ONG Médecins sans frontières. Matternet in Haiti from Matternet on Vimeo. L'ONU utilise pour sa part depuis décembre dernier des drones dans l'est de la République démocratique du Congo pour surveiller l'activité des rebelles le long des frontières avec l'Ouganda et le Rwanda. "Les drones de l'avenir pourront aider à repérer les conflits ethniques, détecter des survivants dans des ruines ou même mener des relevés de températures de groupes de populations pour stopper l'éclosion d'épidémies", estime Jack Chow, ancien ambassadeur américain reconverti en défenseur des drones humanitaires. Si les ONG sont encore loin de déployer des appareils sans pilotes dans des zones sensibles, les médias sont eux toujours plus nombreux à y recourir, telle CNN. Des facultés canadiennes de journalisme dispensent depuis quelques mois des cours spécialisés dans le tournage de reportages assistés de drones, formant les premières générations de "dronalistes". De l'art des drones La prise d'images sert également les agents immobiliers qui utilisent les drones pour mettre en valeur les maisons haut de gamme en vente à Los Angeles ou Toronto. Les règlements, qui interdisent les survols de zones habitées, limitent toutefois l'expansion de cette nouvelle mode. Les zones rurales restent donc toujours le meilleur endroit pour faire voler son appareil, d'autant qu'avec la sophistication toujours plus poussée de l'agriculture, les drones permettent d'évaluer en temps réel le taux d'humidité des champs, de guider les tracteurs ou encore de mieux doser les engrais. Sentant le vent tourner, le Français Vivien Hériard-Dubreuil a créé la société Flyterra en 2012 à New York, puis au Québec (car la loi canadienne est l'une des plus accommodantes au monde pour les drones). "Le recours aux drones afin d'optimiser les récoltes est très prometteur", assure cet ingénieur à l'AFP. Sa flotte effectue également de la modélisation de sites miniers ainsi que des inspections de barrages ou d'éoliennes. Aucun domaine ne semble résister à l'attrait de ces petits appareils et même les artistes s'en sont emparés. Des Australiens ont récemment lancé l'I-Drone: équipé d'un vidéo-projecteur puissant, il diffuse des fresques animées sur les murs de Melbourne, la nuit tombée.

Projector Drone By I-Drone from I-Drone on Vimeo.

Au Japon, la troupe de danse contemporaine Eleven Play a présenté en mai un spectacle où trois danseuses exécutent une chorégraphie avec autant de drones, affublés pour l'occasion de chapeaux pyramidaux leur donnant des allures d'OVNI de poche.