L'Arabie saoudite de plus en plus critiquée

La Guerre au Yémen et l'assassinat de l'éditorialiste Jamal Khashoggi ont provoqué de nombreuses critiques contre le régime saoudien. Le pays fait face à une résolution hostile votée par le Sénat de son allié américain, tandis que le Canada souhaite annuler un contrat de vente d'armes.
par
Camille
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L'Arabie saoudite a condamné ce matin le vote de résolutions du Sénat américain hostiles au régime de Ryad, l'une sur le conflit au Yémen, l'autre sur l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. «Si le royaume d'Arabie saoudite réaffirme son engagement à continuer à renforcer ses relations avec les États-Unis d'Amérique, il exprime également son inquiétude concernant les positions exprimées par les membres d'une instance législative honorable d'un État allié et ami», souligne  le ministère des Affaires étrangères.

La première appelle le président Donald Trump à «retirer les forces armées américaines des hostilités au Yémen ou affectant le Yémen, sauf les forces américaines engagées dans des opérations visant Al-Qaïda ou des forces associées». Dans la seconde, le Sénat «estime que le prince héritier Mohammed Ben Salmane est responsable du meurtre» du Saoudien Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre. Ces deux résolutions ont été un camouflet pour la diplomatie de M. Trump, très proche du pouvoir saoudien.

La Canada s'en mêle

Dans le même temps, le Canada cherche les moyens de ne pas honorer un important contrat de vente d'armes à la monarchie pétrolière. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait jusqu'à présent estimé qu'il était «extrêmement difficile» d'annuler ce contrat de 9,9 milliards €, signé par le précédent gouvernement conservateur, «sans devoir payer des pénalités exorbitantes». «Nous avons hérité d'un contrat signé par Stephen Harper pour l'exportation de véhicules blindés légers en Arabie saoudite», a rappelé le dirigeant libéral lors d'une interview à la chaîne CTV.

«Nous étudions les permis d'exportation pour voir s'il est possible de ne plus exporter ces véhicules vers l'Arabie Saoudite», a-t-il finalement ajouté sans autre explication. Ottawa avait exprimé dès 2017 des inquiétudes quant à l'éventuelle utilisation de ces blindés légers dans des opérations de répression dans l'est de l'Arabie saoudite et au Yémen.

Les Droits humains en toile de fond

Les relations entre le Canada et le royaume saoudien ont connu une crise ces derniers mois. Ryad avait annoncé en août l'expulsion de l'ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l'arrestation de militants saoudiens des droits de l'Homme.

En Europe plusieurs pays ont fait part de leur doute quant à l'opportunité d'exporter des armes vers l'Arabie saoudite. La chancelière allemande Angela Merkel a indiqué en octobre que son pays n'autoriserait pas en l'état d'exportations d'armes vers le pays. Mais la plupart des pays européens se retranchent derrière une éventuelle interdiction décidée au niveau européen.