"La Vie de rêve", le carton de Bigflo & Oli

Difficile d'être passé à côté de la déferlante Bigflo & Oli. Leur dernier album «La Vie de rêve» est sorti le 23 novembre dernier, et depuis lors, c'est l'énorme carton. Ils étaient de passage à Bruxelles pour évoquer ces derniers mois de folie.
par
Pierre
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L'album est sorti il y a quelques mois déjà, et cela a été la déferlante. Vous pourriez expliquer ce qu'il vous est arrivé?

Oli: «Ces derniers mois, cela a surtout été beaucoup beaucoup de concerts pendant la finition de ce nouvel album ‘La Vie de rêve'. C'était quasiment en pleine tournée.»

Bigflo: «On a dû sortir le clip et faire la promo à la fin de la tournée des Zéniths. On a fini avec Bercy et l'AccorHotels Arena en décembre, après avoir fait toutes les promos possibles et imaginables en France. Ça a été tellement chargé qu'on a dû prendre deux mois de vacances. On n'a rien fait de janvier à la mi-février, parce que c'était une sortie très très intense. On a eu le disque d'or en dix jours, de platine en un mois… Ce sont des choses folles pour nous. Il a fallu prendre un peu de recul.»

Au mois de décembre, vous avez fait absolument toutes les émissions possibles.

B: «On passait trop. Un soir, on est même passé sur trois chaînes en même temps. Mais c'est une belle victoire quand même car, comme tous les artistes, c'est difficile d'obtenir une télé quand on débute. Il faut que les gens fassent confiance à un jeune groupe. Et c'est cool de voir aujourd'hui que l'on est devenu ‘bankable' pour la TV.»

Comment reste-on les pieds sur terre?

O: «On reste à Toulouse. On vit avec le même entourage depuis le début, c'est-à-dire des amis d'enfance, notre famille, etc. Et surtout, on le vit à deux. C'est une chance, on s'en est rendu compte en grandissant. Quand il y en a un qui abuse, l'autre est là pour lui remettre les pieds sur terre.»

Comment avez-vous ressenti les Victoires de la musique? Une surprise?

O: «C'était surtout une surprise d'en gagner deux.»

B: «On se disait qu'il était possible qu'on en gagne une. En tout cas, on l'espérait fortement. Mais en plus gagner celle de ‘Artiste de l'année', c'était assez étonnant. On a l'habitude de gagner quand cela vient de public parce qu'on a une forte communauté sur les réseaux. Mais c'est la première fois qu'on a une récompense d'un milieu pro.»

O: «On a la reconnaissance populaire qui est la plus belle pour nous, mais on reçoit en plus les louanges des pros. Ce sont les deux plus belles distinctions que peut avoir un artiste. On a vécu une soirée de rêve. En plus, on était hyperfier de jouer ‘Rentrez chez vous' avec un orchestre. Cela a un peu clôturé la grosse tournée et ces deux dernières années de folie.»

Vous faites passer beaucoup de messages dans cet album. C'est facile d'écrire avec ses tripes quand on est deux?

B: «Oui, surtout quand on est frères. On avait beaucoup de choses à dire. Cet album est sorti malgré le planning que l'on avait parce que c'était une période très riche, et on avait envie tout simplement de faire de la musique, de s'exprimer, de s'évader. On a mis beaucoup de nous dans cet album. Il est peut-être même plus profond et sans filtre que les autres. On n'a rien à cacher. Du coup, on n'a pas hésité à parler de choses parfois difficiles. Et ça s'écrit à deux.»

Votre plus gros succès est finalement votre album le plus personnel.

B: «Oui, c'est étonnant. Quand on a commencé notre carrière, on n'osait pas trop parler de nous, parce qu'on ne pensait pas que cela intéresserait les gens. Au final, plus on a commencé à ouvrir notre cœur et à parler de ce qui nous touchait, plus les gens se sont reconnus.»

O: «Les gens sont plus attachés à l'histoire, à cette somme d'aventures que vivent deux frères de Toulouse, qui arrivent toujours plus loin, au-delà de leur rêve. Au final, beaucoup de gens se retrouvent dans nos histoires personnelles. Avant, on avait même un sentiment d'illégitimité sur les premiers albums.»

Ce sentiment d'illégitimité se retrouve encore un peu dans un titre comme «Nous aussi». Vous vous décrivez comme «les rappeurs détestés de ton rappeur préféré».

B: «On aime déjà rire de notre position, de ce que les gens disent sur nous. Mais ce morceau-là, c'est aussi du second degré. C'est une manière de se protéger du succès, de la méchanceté, etc. On y dit ‘Ok ça marche, ça cartonne, mais c'est juste un jeu'.»

Dans cet album, il y a un morceau sur votre mère qui est un peu cash.

B: «Elle l'a pris assez bien. C'est vrai que la relation que l'on a avec notre mère est particulière. C'est une mère assez sévère. On a eu des problèmes intimes parce qu'elle n'est pas facile et nous non plus. On voulait faire une chanson pour elle mais on ne voulait pas mentir. On en avait fait une sur notre père dans le précédent album qui a eu un beau succès. Avec notre mère, on ne voulait pas aseptiser la situation genre ‘Maman t'es la plus belle'. Les relations mère-fils ne sont pas toujours aussi idylliques.»

O: «Au final, elle a super-bien réagi. Ça a été un moment très émouvant. On l'a fait écouter dans la cuisine où on a grandi. Ça nous a fait du bien. On est très pudique, on ne dit pas tout dans la famille, et on a pu lui dire des choses en musique qu'on n'aurait jamais osé lui dire en vrai.»

À quoi peut-on s'attendre au Palais 12?

O: «A un nouveau show, pour ceux qui nous ont déjà vus en festival. On est en train de créer quelque chose de totalement différent. On essaye toujours d'apporter de l'originalité, de raconter des histoires, d'intégrer des instruments.»

B: «Mais là, c'est vraiment un très gros show qui se prépare. Comme on fait des stades ailleurs, on vient avec ce même type de configuration dans le Palais 12. On va faire les choses en grand.»

Pierre Jacobs

Bigflo & Oli seront en concert le 4 août au Ronquières Festival et le 19 octobre au Palais 12.