La SNCB et Infrabel réclament au gouvernement plus de moyens et une vision à long terme

Les CEO de la SNCB Sophie Dutordoir et d'Infrabel Luc Lallemand, ont réclamé mercredi davantage de moyens de la part des autorités fédérales, lors d'une audition en Commission de la Mobilité de la Chambre. Ils ont demandé au prochain gouvernement fédéral de décider rapidement.
par
oriane.renette
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«Si nous continuons sur base de la dotation actuelle, nous aurons un manque de 1,3 milliard à l'horizon 2030 en regard des investissements que nous devons consentir», a indiqué Sophie Dutordoir.

«Le citron de la productivité est entièrement pressé», a renchéri Luc Lallemand. «Si nous ne pouvons pas investir, il y aura des baisses de performances et/ou de capacité du réseau.» Le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire estime ainsi que le niveau de financement en dehors du milliard dégagé par le ministre de la Mobilité sortant François Bellot (MR) doit dépasser 1,4 milliard par an en budget d'exploitation et d'investissement d'ici deux ans. Ce montant n'a pas dépassé le milliard en 2019 et 2020.

"Le temps presse"

Au-delà des moyens financiers, Sophie Dutordoir a appelé le prochain gouvernement à prendre rapidement plusieurs décisions, dans le contexte de la libéralisation du transport ferroviaire intérieur dès 2021 et de la mise en concurrence de la mission de service public en 2023. «Il est minuit moins deux», a-t-elle affirmé.

Mme Dutordoir demande ainsi l'établissement d'une vision stratégique de la mobilité, qui ne doit pas passer par un changement des structures. «Quelle est la place du train dans cette réflexion ? Il faut déterminer quelle est la mission du train dans sa déclinaison du service public. Aujourd'hui, tout le réseau est organisé autour de la jonction Nord-Midi. Ce modèle en étoile reste-t-il le bon modèle? Ne faut-il pas étendre la capacité? Je demande que le prochain gouvernement rassemble via SPF Mobilité les différents acteurs pour lancer une vraie étude, limitée dans le temps (un an et demi à deux ans), et demandons à cet organe de doter le pays de ce plan idéal.»

Dans cette optique, «il faut que le gouvernement se décide très vite sur la façon dont il va ou pas libéraliser la mission de service public», a ajouté Sophie Dutordoir. La CEO de la SNCB a plaidé pour que sa société se voit attribuer cette mission pour une première période de 10 ans. «Si ce n'est pas le cas, je demande alors que l'on combatte à armes égales.»

Un réseau en fin de vie

De son côté Luc Lallemand a mis en avant l'état du réseau : «22% des aiguillages en voies principales, 12% des rails en voie principale ou encore 20% des caténaires approchent de la fin de vie».

«Il y a des choix stratégiques de très long terme qui vont devoir être pris dans les 12 à 18 mois qui viennent», a exhorté le CEO d'Infrabel. «Les choix qui seront pris doivent être justifiés et judicieux. A ce titre, j'estime que le train n'est pas fait pour transporter 15 personnes entre deux villages, où vous entretenez une ligne à double voie électrifiée. Je ne connais pas de meilleur cas de figure de deniers publics gaspillés». Infrabel s'est dit prêt à documenter le prochain gouvernement à ce sujet.