La sittelle torchepot : Un oiseau méconnu mais courant dans nos contrées

Quelques vieux arbres, une cavité, de la boue, des invertébrés, des graines, et voilà le décor planté pour observer les mœurs curieuses d'un bel oiseau courant dans nos contrées: la sittelle torchepot.
par
ThomasW
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Hôte commun de nos forêts tempérées, cet oiseau grimpeur n'hésite pas à fréquenter les parcs et les jardins arborés, parfois au cœur des villes. Si vous le croisez un jour, n'hésitez pas à vous attarder un peu pour l'observer. Son aisance sur les troncs et les branches fait pâlir de jalousie les meilleurs alpinistes. Grâce à ses griffes acérées, la sittelle monte et descend le long des troncs avec élégance et peut même marcher sous les branches horizontales.

Les araignées cachées dans les creux de l'écorce, dans les lichens ou dans les mousses n'ont qu'à bien se cacher. Le bec pointu de la sittelle ne leur laisse que peu de chance de survie.

Peu discrètes, les sittelles ont l'habitude de se contacter régulièrement. Leurs cris sifflés sont assez typiques. Ils sont de plus en plus fréquents et de plus en plus rapides lorsque le printemps approche. L'excitation et la défense du territoire rythment alors les cris et le chant des mâles.

Un gîte solide maçonné au bec

Au début de la saison de nidification, les sittelles cherchent une cavité dans un arbre pour s'y installer. Un nichoir peut également convenir. Dès qu'elles ont trouvé le trou (ancienne cavité de pic, branche cassée ou plus rarement une anfractuosité dans un bâtiment) qui leur convient, les sittelles commencent un travail de maçonnerie qui peut durer jusqu'à quinze jours.

C'est essentiellement la femelle qui collecte de la boue au sol et maçonne l'entrée du trou. Les boules de terre humide sont étalées et tassées à coups de bec. La solidité de ce torchis est telle qu'il tient souvent plusieurs années et peut résister aux coups de bec des pics épeiches! Les nichoirs posés à l'intention d'autres espèces sont également maçonnés. Bien que les couples soient fidèles, le mâle laisse souvent la femelle se salir les plumes. Il s'occupe surtout de défendre le territoire.

Une technique «ouvre-boîtes» pour les noisettes

Tout au long de l'année, la sittelle arpente les troncs d'arbre et les grosses branches à la recherche d'invertébrés cachés dans les creux d'écorce ou dans la mousse. Araignées, chenilles, forficules, cloportes… tout y passe. Dès la fin de l'été, les graines prennent une part importante du régime alimentaire. Gourmande, la sittelle va passer ses journées à récolter des graines et les préparer pour les manger mais elle ne fait pas vraiment de caches comme les corvidés. En général, elle les coince dans un creux d'écorce ou de mur qui lui sert d'étau. À la verticale et la tête en bas (contrairement aux pics), elle tape sur la coque afin de la briser. Lorsqu'elle s'attaque à une noisette, cela s'entend de loin, ce qui permet de la localiser assez facilement pour assister au spectacle. Comme elle ne mange pas toutes les graines préparées, d'autres espèces les retrouvent par hasard et s'en régalent.

La sittelle torchepot est présente toute l'année en Wallonie et à Bruxelles. Elle est très sédentaire et ne s'éloigne en général pas très loin de son site de naissance. Parfois des mouvements importants de populations sont observés et des afflux ont lieu dans des sites où la sittelle n'est pas présente d'habitude. Un manque de nourriture couplé à une très bonne reproduction est probablement à l'origine de ces phénomènes. Des individus sont alors contraints de bouger plus que d'habitude pour trouver de quoi subsister.

Avec près de 40.000 couples en Wallonie et à Bruxelles, la sittelle est commune chez nous. On la rencontre dans tous les massifs forestiers. Sur les vingt dernières années, le suivi des oiseaux communs indique une augmentation modérée à Bruxelles et une population stable en Wallonie. La disponibilité en cavités semble donc encore suffisante pour cette espèce. Il faut dire qu'elle a su s'adapter à de plus grandes cavités qu'elle rétrécit à sa taille. Et la politique de maintenir un peu plus de bois mort en forêt porte également ses fruits.

Antoine Derouaux