La réalité virtuelle au service du porno

par
Laura
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C'est comme si "l'orgasmotron" de Woody Allen dans "Woody et les robots" (1973) et sa vision futuriste du plaisir devenait réalité: pour Anna Lee, la réalité virtuelle va permettre aux amateurs de films pornographiques de "participer à l'action".

Participer à l'action

Mme Lee, présidente de Holofilm Productions à Vancouver (Canada), tient dans ses mains des lunettes à 99 dollars, à l'entrée de l'Adult Entertainment Expo 2016 à Las Vegas: un outil qui va révolutionner la manière dont les spectateurs vont regarder les films pornos, jure-t-elle. Ces lunettes blanches Samsung Gear VR, qui ressemblent à un accessoire de Star Wars, vont permettre de faire l'expérience de la réalité virtuelle. Une fois sur son nez, et couplées à du matériel de Holo Girls Virtual Reality, les spectateurs se sentiront au cœur de l'action. Ils pourront non seulement voir ce qui se passe devant eux, mais aussi sur les côtés, en tournant la tête à droite ou à gauche.

"Nous faisons passer le porno à un autre niveau pour mieux immerger le spectateur", explique Anna Lee. "Les scènes ne seront plus plates ou en deux dimensions. Les spectateurs pourront désormais se sentir comme participant à l'action."

La convention AVN, dédiée aux loisirs adultes et qui abrite cette exposition, aborde cette année beaucoup de questions du secteur: la protection des actrices porno, l'érotisme féminin ou encore la meilleure manière de lutter contre les pirates en ligne. Mais le porno, qui a toujours été à la pointe de la technologie, mobilise surtout ses ressources pour aller au-delà de la 3D et du mobile, jusqu'au sentiment d'être partie prenante du film.

"Le porno vient de loin quand, il y 40 ans, on devait regarder les films dans des cinémas avec 400 autres personnes ou regarder des cassettes VHS dans sa chambre d'étudiant", rappelle Farrell Hirsch, représentant de Vivid Radio, qui fait la promotion de stars porno. "Le porno est devenu plus personnel."

Un pas de plus

Il y aurait quelque 25 millions de sites pornographiques dans le monde et leur part grandit parmi les sites internet. Mais tout le monde s'accorde à dire à l'AVN que le secteur doit rester à la pointe de la technologie s'il veut s'assurer un avenir. A l'exposition, qui se tient pendant quatre jours au Hard Rock Hotel, tout près du strip de Las Vegas, on peut encore trouver des produits traditionnels du porno, comme des poupées gonflables ou des produits destinés à améliorer ses performances sexuelles. Mais elle est aussi fréquentée par de jeunes hipsters.

Avec ces nouvelles techniques, il n'y a plus de coupes pour assembler différents angles de caméra, mais une action en temps réel. "C'est différent de la technologie en 3D. C'est un pas de plus, qui va rester", fait valoir Mme Lee. A l'avenir viendront aussi s'ajouter des accessoires pour les hommes, couplés au film que le spectateur regarde dans son casque de réalité virtuelle, pour une expérience encore plus réaliste.

Mieux que la réalité ?

Et si pour le moment la qualité d'image n'est pas aussi bonne que sur un écran de télévision haute définition, l'avantage avec les appareils de réalité virtuelle est que le spectateur peut promener son regard dans toute la pièce. "La technologie est encore rudimentaire. Mais la réalité virtuelle ne va aller qu'en s'améliorant", assure Mme Lee.

Celle-ci prévient toutefois qu'il peut y avoir des inconvénients avec ces nouvelles technologies: "Quand il s'agira de relations sexuelles, la réalité virtuelle va pouvoir être équivalente, peut-être même meilleure que la réalité". "Moi je sais que je suis un peu vieux jeu, j'aime sortir et rencontrer des gens... Mais tout le monde n'est pas comme ça", regrette-t-elle. "Donc je pense qu'il faudra utiliser ces technologies avec modération".