La nature comme vous ne l'avez jamais vue au Festival International Nature Namur

Pour la 25e fois, la capitale wallonne accueille le Festival International Nature Namur. Du 11 au 20 octobre, vous pourrez découvrir plus de 80 films et des centaines de photos où la faune et la flore tiennent le premier rôle. Metro a rencontré Tanguy Dumortier, présentateur et réalisateur de l'émission «Le Jardin extraordinaire» sur la Une et président du FINN depuis quatre ans.
par
ThomasW
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Le FINN propose une série de films professionnels de 50 minutes environ et une série de films amateurs de cinq minutes chacun. Quel est le profil de ces réalisateurs amateurs?

«Ce sont des passionnés qui réalisent des films ‘dans leur coin'. Le but de ce festival, à la base, est de pouvoir montrer leur travail au plus grand nombre. Mais le profil a fort évolué ces dernières années. Entre autres, parce que le matériel a changé. Avant, les caméras coûtaient des fortunes et cela restait dans un microcosme de vieux mecs avec des pulls qui grattent (rires). Aujourd'hui, il y a beaucoup plus de monde, notamment des jeunes, puisque l'on peut faire un film avec un simple smartphone, mais aussi parce que ce public jeune s'intéresse de plus en plus à la nature en étant sensibilisé à la défense de l'environnement. On a beaucoup de films étrangers également.»

La défense de l'environnement, c'est le but du FINN?

«Non, pas de manière directe en tout cas. Pour être honnête, ce que je ressens, c'est que c'est surtout une réserve naturelle de passionnés de la nature qui se retrouvent entre eux pour boire une bière. Et au niveau du grand public, ce que l'on essaye d'offrir, c'est surtout un spectacle avec un grand ‘S' car la nature est un spectacle, c'est notre credo. Nous offrons donc une plateforme pour offrir des films spectaculaires où l'on a filmé les animaux comme on ne les jamais filmés. Certains films ont même pris deux ou trois ans de réalisation. Ce sont des bijoux. On ne veut surtout pas être moralisateurs. On veut que les gens viennent pour s'émerveiller. Et c'est plus que jamais le cas grâce aux nouvelles technologies qui s'améliorent sans cesse avec des caméras miniatures, sous-marines, des drones, etc. La compétition, en particulier au niveau des films pro, est vraiment grandiose. Chaque année, on découvre de nouvelles espèces que l'on n'a jamais filmées, et là on se dit, waouw! Ils l'ont fait! C'est fascinant! Par contre, effectivement, ces films magnifiques se terminent presque tous sur la même conclusion qui dit que l'habitat de tel animal se restreint ou qu'il est en voie de disparition… Et cette année, plus que d'habitude, on a élargi l'espace dédié aux associations avec la présence de la ligue de défense des oiseaux par exemple ou les guides nature. Donc si les films vous ont donné l'envie de vous engager, eh bien tant mieux, et on vous en donne la possibilité.»

Ph. M. Godfroid

À côté de ces «vieux mecs avec des pulls qui grattent» y a-t-il aujourd'hui aussi plus de femmes?

«Oui, il y a beaucoup plus de femmes. Je ne jurerais pas que je reconnaîtrais ‘à l'aveugle' si un film a été fait par un homme ou par une femme. Mais il faut reconnaître que ces dernières années on est passé d'un aspect plutôt didactico-images à un aspect plus poético-philosophico-touchant!»

Et quel genre de films pouvons-nous découvrir? Des libellules qui s'accouplent pendant 50 minutes, ça intéresse peu de monde!

«Bien sûr, c'est parfois l'image des films nature mais ici, pas de ça car les films amateurs durent cinq minutes maximum et on fait d'abord une grosse sélection pour ne garder que le meilleur. On a reçu 384 films et on en a gardé seize qui seront diffusés en début de festival. Les autres jours sont dédiés aux 42 films professionnels qui durent environ 50 minutes chacun. Et on fait 25.000 entrées sur les dix jours donc je pense que le contenu n'est pas ennuyeux. C'est réellement spectaculaire. D'ailleurs, on a parfois des gens qui dorment dans leur camping-car près du cinéma pour être certains de tout voir!»

Il est d'ailleurs possible de tout voir car le prix est très démocratique.

«En effet, toutes les expos photos à l'Acinapolis et à la Citadelle, ainsi que les conférences sont gratuites et pour les films, si vous prenez un pass, cela vous revient à huit places pour 35€. Et la soirée des films amateurs du samedi soir est à 16€. Cette dernière projette les films et les auteurs disent à chaque fois un petit mot donc vous profiterez de trois bonnes heures de spectacle. Et puis le cadre sera vraiment beau car la DNF, l'administration des eaux et forêts en Wallonie, nous prête 10.000 graminées pour décorer l'Acinapolis et installera également une cascade d'eau.»

Est-ce que c'était difficile de choisir parmi tous ces films amateurs?

«Un peu mais ce qui est sûr c'est que nous avons vraiment sélectionné de tout: deux films d'animations incroyables, l'un très poétique, l'autre qui pousse à la réflexion, des films plus drôles comme celui sur des rats à Marseille que l'auteur compare aux politiciens français, des films de fin d'étude… Ce qui est génial avec les amateurs, c'est ce côté très libre et peu formaté. Et puis ils n'ont pas de contrainte budgétaire comme dans le monde pro. Ils ont donc le temps, eux, d'observer les libellules pendant des heures pour reprendre votre exemple.»

Et vous organisez d'ailleurs une ‘Vidéo Nature Academy'…

«On essaye de donner des outils aux gens pour qu'ils essayent de progresser. Les réalisateurs de films qui ne sont pas sélectionnés vont être quand même coachés et effectivement on organise la ‘Video Nature Academy' au printemps pendant trois ou quatre week-ends. Les codes du film nature sont vraiment particuliers.»

Lucie Hage

Infos et réservations: www.festivalnaturenamur.be