La maman de Maëlle en colère contre l'inaction politique face au harcèlement scolaire

En janvier 2020, Maëlle, une adolescente carolo de 14 ans, mettait fin à ses jours après avoir été victime de harcèlement scolaire. Des photos et vidéos la montrant durant des actes sexuels avec un camarade avaient été partagés sur les réseaux sociaux, la poussant au suicide. Plus d'un an après, sa maman fait part de sa colère, elle qui constate que les politiques n'ont pas agi pour résoudre le phénomène du harcèlement à l'école...
par
sebastien.paulus
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Maëlle était une jeune adolescente de 14 ans qui étudiait au Centre Scolaire Saint-Joseph Notre-Dame à Jumet, dans la région de Charleroi. A la fin du mois de janvier 2020, celle-ci se suicidait après avoir été victime de harcèlement scolaire. En effet, des photos et vidéos d'elle dénudée, voire en plein acte sexuel avec un camarade, avaient circulé sur les réseaux sociaux sans son consentement.

Un cri du cœur

Plus d'un an plus tard, sa maman Zara Chiarollini s'étonne que la classe politique n'ait pas encore bougé: "Aujourd'hui, je suis une maman en colère. Ma colère ne s'inscrit pas dans une démarche vindicative. Ma colère est celle d'un parent dans une grande incompréhension face à l'inertie de nos politiques devant l'urgence de la situation au sein de nos établissements scolaires. Ma colère est un grand STOP que je hurle au nom de toutes nos étoiles. C'est leur STOP que nous, parents endeuillés, crions de concert! STOP au harcèlement scolaire! Le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement sont meurtriers... L'inertie, quant à elle, est criminelle!"

Dans sa publication Facebook, elle précise: "Aujourd'hui, je milite activement, au sein de l'ASBL ‘Les Mots de Tom'. Notre fer de lance est la prévention au harcèlement scolaire et une communication qui s'adresse aussi bien aux parents qu'aux jeunes. Nos jeunes doivent comprendre que, sur les réseaux sociaux et se pensant à l'abri du regard des adultes, tout n'y est pas autorisé ou permis! Nous devons accompagner nos jeunes dans ce monde virtuel et leur rappeler que le respect des lois, des règles de vie en société et surtout le respect d'autrui y sont d'application!"

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Manque d'action politique

"Non, on n'attaque pas sa ou son camarade caché derrière son écran. Non, on ne partage pas des vidéos ou des photos compromettantes. C'est sciemment causer du tort à sa ou son camarade qui sera victime d'humiliation, de harcèlement, de violences verbales. La souffrance que la victime ressent, elle, n'est pas virtuelle... elle est toujours douloureusement réelle! Parlons à nos jeunes de réseaux sociaux, de revenge porn, de nudes, de consentement et surtout de respect et de solidarité", conclut-elle.

Et la maman a raison d'être en colère, puisque depuis le décès de sa fille, aucune nouvelle mesure n'a été prise par la Fédération Wallonie-Bruxelles pour lutter contre le harcèlement scolaire. Caroline Désir (PS), la ministre de l'Education, s'en était justifiée lors du Grand Oral RTBF/Le Soir l'année dernière: "Beaucoup de choses se font déjà pour prévenir ces drames, mais il faut à présent structurer les dispositifs. Les élèves doivent savoir quoi faire quand ils sont victimes ou témoins de ce genre de chose."

Le cyberharcèlement prend le relais

Et à l'heure du coronavirus, le harcèlement se déroule en ligne et est tout aussi dangereux, si pas plus: "Le cyberharcèlement ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui et cela suite au confinement et la mise en place de l'enseignement à distance. Les appels à l'aide venant de nos jeunes explosent. L'histoire de Maëlle est, hélas, la preuve que cela n'arrive pas qu'aux autres."

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