La gauche de la gauche tout près de l'emporter en Grèce

par
Camille
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Les électeurs grecs votent ce dimanche. Pour la première fois, Syriza, qui représente la gauche de la gauche, pourrait remporter le scrutin. Reste à voir si ce parti ancré très à gauche pourra former un gouvernement.

Syriza, le favori

Les derniers sondages donnent la formation d'Alexis Tsipras en tête des intentions de vote. Elle est créditée de 30 à 35,4% des voix, loin devant la Nouvelle Démocratie (droite), qui récolte entre 25 et 30% des suffrages. Syriza confirme ainsi être parvenue à remplacer le Pasok (Parti socialiste) comme principale force de gauche. Acteur, avec la ND, du bipartisme qui a dirigé la Grèce depuis le retour de la démocratie, ce dernier ne séduit plus que 5% des Grecs.

D'autres partis siègeront au sein du parlement grec, la Vouli. La formation centriste To Potami (la rivière), devrait récolter entre 6 et 7% des voix. Les néofascistes d'Aube Dorée sont donnés à 6%, et le Parti communiste (KKE) à 5%.

Former un gouvernement

Le parti qui arrivera en tête dimanche soir recevra une prime au vainqueur de 50 élus, qui devrait aider à former un gouvernement. Mais, au vu de l'éclatement de la scène politique, cela pourrait ne pas suffire à Syriza pour obtenir la majorité absolue de 151 députés. Dans ce cas, il faudra négocier. « Le plus probable serait une alliance avec To Potami (La rivière, parti centriste)», estime Nick Malkoutzis, de l'institut Macropolis. « Avec les Grecs indépendants, ils sont les seuls à respecter le principal critère fixé par Syriza pour conclure une alliance : ne pas avoir de responsabilité dans la mise au point des politiques d'austérité » appliquée depuis cinq ans. Ce parti centriste se dit prêt à discuter, tant avec Tsipras qu'avec Samaras. Mais son positionnement de centre droit obligera Syriza à mettre de l'eau dans son vin sur plusieurs points de son programme.

Les Grecs indépendants pourraient également servir de partenaire de majorité. Mais une telle alliance, si elle est possible, est politiquement compliquée. Ce parti de droite anti austérité tient des positions très éloignées de celles de Syriza sur la question de l'intégration des migrants. Enfin, aucune alliance ne sera possible avec les communistes du KKE, qui ne souhaite en aucun cas s'allier à un parti qui est né d'une dissidence en son sein.

Retour aux urnes en cas d'échec

Un échec de Syriza à réunir une majorité absolue fera les affaires de la droite grecque. Il faudrait alors convoquer de nouvelles élections, comme en 2012. Antonis Samaras pourrait alors apparaitre comme le seul à même de former une majorité, et d'éviter au pays de plonger dans le chaos. Les analystes jugent peu probable qu'en cas de seconde élection Alexis Tsipras puisse renouveler son score du 25 janvier.

Enfin, si Syriza devait échouer de quelques sièges, Alexis Tsipras pourrait tenter de gouverner sans majorité. Il lui faudrait alors obtenir la confiance de partis comme To Potami ou le Pasok pour passer le cap du vote d'investiture. Ensuite, Syriza devrait présenter ses projets de loi au coup par coup et réunir à chaque fois une nouvelle majorité. Une telle solution serait très délicate à mettre en œuvre. « Mais elle permettrait d'éviter de nouvelles élections », conclut Nick Malkoutzis.

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