La coronelle lisse, un serpent méconnu de nos régions

Grâce à des actions de restauration menées par Natagora et le Service public de Wallonie, cette couleuvre menacée retrouve aujourd'hui des habitats qu'elle avait perdus il y a plus d'un siècle.
par
Marie
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S'il est un serpent méconnu dans nos régions, c'est bien la coronelle lisse. Beaucoup plus rare et discrète que la couleuvre à collier, cette petite couleuvre cumule les particularités : adepte des climats pluvieux, elle ne pond pas d'œufs, maîtrise ses proies par constriction, ressemble à une vipère mais est totalement inoffensive pour l'homme !

La coronelle lisse est un petit serpent : les jeunes, pas plus grands qu'un crayon, mesurent une dizaine de centimètres; les plus grands adultes atteignent 80 cm mais la majorité d'entre eux mesurent entre 50 et 65 cm. Elle doit son nom au fait que ses écailles dorsales sont lisses, c'est-à-dire dépourvues d'une carène contrairement aux autres serpents de notre faune.

La coronelle lisse est le reptile de nos régions qui sort le plus tard de sa retraite hivernale : ce n'est qu'au moins d'avril que la plupart des individus sortent de leur torpeur. Et dès le mois de septembre, les coronelles disparaissent dans leur retraite souterraine à l'abri du gel. Il s'agit souvent d'une anfractuosité dans des rochers ou d'une galerie de campagnol. Elles ne sont donc actives que durant six mois par an, et encore, uniquement les jours ou la météo leur permet de s'activer.

Une couleuvre qui ne pond pas d'œufs !

Après les accouplements, qui ont lieu au mois d'avril-mai, les femelles passent beaucoup de temps à se chauffer car le développement des embryons nécessite beaucoup d'énergie à la mère. En effet, la coronelle lisse est un serpent vivipare, ce qui signifie que les œufs ne sont pas pondus directement et qu'ils continuent à se développer à l'intérieur de la femelle. Après quelques mois, en fin d'été, elle dernière met au monde des juvéniles prêts à éclore et qui ne feront pas l'objet de soins parentaux.

La coronelle lisse est ainsi la seule couleuvre d'Europe qui ne pond pas d'œufs.  Le fait d'être vivipare est une adaptation aux climats frais et pluvieux. Les embryons bénéficient de la mobilité de la femelle qui choisit les endroits les plus favorables en fonction du temps qu'il fait.

Ph. marc-paquay

La coronelle lisse recherche des milieux secs et chauds, bien ensoleillés. Elle fréquente donc surtout des rochers et pierriers, des carrières, des abords de voies ferrées, des ruines et vieux murs ou des talus secs. Elle se dissimule sous divers abris : pierres plates, écorces d'arbres, briquaillons...

Le régime alimentaire de la coronelle lisse est très spécialisé : elle consomme essentiellement des lézards. Il arrive également qu'elle consomme de petits serpents, y compris des vipères. Les adultes consomment aussi des micro-mammifères (campagnols, musaraignes, mulots). Cette petite couleuvre est non venimeuse et totalement inoffensive pour l'homme et les animaux domestiques.

Une espèce en régression

Cette espèce est peu courante en raison de la rareté de ses milieux de vie dans nos régions. Elle régresse en de nombreux autres endroits suite à l'intensification généralisée des pratiques agricoles et sylvicoles et de l'urbanisation. Les destructions volontaires (qui sont pourtant illégales, l'espèce étant protégée en Wallonie) et les dégâts causés par les sangliers, en nombre trop élevé, constituent aussi des causes importantes de la régression de cette espèce.

Etant très exigeante quant à ses habitats de reproduction et à son régime alimentaire, la coronelle lisse est avant tout présente dans des milieux riches en reptiles et qui abritent de nombreuses autres espèces végétales et animales. Les actions de déboisement de certains coteaux enrésinés en vue de restaurer des pelouses calcaires et de remettre en lumière des milieux rocheux sont propices à l'espèce. Ainsi, les actions effectuées par Natagora dans les vallées de l'Ourthe et de l'Amblève, ont été très favorables à l'espèce qui n'a pas tardé à recoloniser les coteaux ainsi restaurés.