La chrétienne Asia Bibi ne sera pas exécutée pour blasphème

La Cour suprême du Pakistan a acquitté en appel la chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010. Son cas avait suscité l'indignation à l'étranger et des violences dans le pays.
par
Camille
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L'annonce de l'acquittement d'Asia Bibi a suscité la fureur des milieux religieux fondamentalistes. Ils appelaient de longue date à son exécution. «Elle a été acquittée de toutes les accusations», a déclaré le juge Saqib Nisar lors de l'énoncé du verdict, ajoutant que Mme Bibi, qui se trouve actuellement incarcérée dans une prison à Multan allait être libérée «immédiatement».

En pratique, la libération de Mme Bibi pourrait prendre plusieurs jours en raison de procédures bureaucratiques, a indiqué son avocat. «Justice a été rendue, c'est une victoire pour Asia Bibi. Le verdict montre que les pauvres, les minorités et la fraction la plus modeste de la société peuvent obtenir justice dans ce pays en dépit de ses défauts», s'est-il encore félicité.

Colère des intégristes

Pour les fondamentalistes en revanche, «cette décision envers une blasphématrice n'est pas de bon augure pour le pays», selon Maulana Abdul Aziz, imam de la Mosquée rouge, haut lieu de l'islam radical à Islamabad. «C'est une décision extrêmement injuste, cruelle, totalement détestable contre la shariah.»

Quelques heures après le verdict, des centaines de manifestants ont commencé à se rassembler en différents endroits du pays, bloquant plusieurs artères, brûlant des pneus et criant des slogans hostiles à la justice. Ils étaient environ un millier, armés de bâtons, bloquant un échangeur autoroutier à l'entrée d'Islamabad.

Condamnée après une dispute

Asia Bibi, mère de cinq enfants, avait été condamnée à la peine capitale à la suite d'une dispute avec une musulmane au sujet d'un verre d'eau. Son cas avait eu un retentissement international, attirant l'attention des papes Benoît XVI et François. L'une de ses filles a rencontré ce dernier à deux reprises.

Au Pakistan même, l'histoire de cette chrétienne d'origine modeste divise fortement l'opinion. Le blasphème est un sujet extrêmement sensible dans ce pays très conservateur où l'islam est religion d'Etat. La loi prévoit jusqu'à la peine de mort pour les personnes reconnues coupables d'offense à l'islam. Des appels à changer cette législation ont souvent donné lieu à des violences et ont été rejetés.