La Chine serre la vis à l'approche des élections à Hong Kong

Un député démocrate hongkongais a été interdit de se présenter à une élection locale après avoir été accusé de soutenir l'indépendance de l'ex-colonie britannique, à la grande «fureur» de l'opposition qui y voyait lundi le signe du resserrement de l'emprise idéologique de Pékin.
par
Clement
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Cette disqualification est le dernier coup en date porté contre le camp démocrate à mesure que la Chine serre la vis sur le territoire semi autonome retourné dans son giron en 1997. Eddie Chu est la première personne à être empêchée de se présenter à une élection locale, en l'occurrence pour représenter un village. Les autorités électorales ont jugé qu'il était favorable à l'indépendance, ligne rouge pour Pékin.

M. Chu défend l'autodétermination de Hong Kong mais soutient qu'il n'a jamais prôné son divorce d'avec la Chine. La décision de l'empêcher de se présenter au scrutin de dimanche illustre d'après lui une politique digne de la révolution culturelle aux termes de laquelle tout un chacun doit agir comme une «police de la pensée». «Non seulement personne à Hong Kong ne peut prôner l'indépendance, mais en plus, si l'on ne s'oppose pas au droit d'autrui de la prôner, on voit ses propres droits politiques être anéantis», a ajouté M. Chu.

"Ils essayent de nous évincer du Conseil législatif"

Dans une lettre, les autorités électorales ont expliqué à M. Chu que ses vues «pourraient être perçues comme confirmant implicitement qu'il soutient l'idée que l'indépendance pourrait être une option pour le peuple de Hong Kong». Le président chinois Xi Jinping avait prévenu l'année dernière en visitant Hong Kong que toute menace contre la souveraineté de la Chine était «absolument inadmissible». Avec cette décision, «Hong Kong devient la risée de la communauté internationale», a déclaré à la presse lundi Claudia Mo qui appartient à un groupe de députés démocrates accusant le gouvernement de faire table rase de la liberté d'expression garantie par la Constitution.

«Nous exprimons notre fureur et notre condamnation la plus énergique», a-t-elle dit. «De toute évidence, non seulement ils essayent de nous évincer du Conseil législatif (Parlement), ils veulent tout simplement nous bannir de toute élection à Hong Kong. Ils nous ont littéralement passé la corde au cou». En 2016, Pékin avait obtenu la disqualification de six députés qui avaient volontairement écorché leur prestation de serment. Certains étaient des vétérans du combat pour la démocratie à Hong Kong, d'autres des membres d'une mouvance radicale demandant l'indépendance née sur les cendres de l'échec du mouvement prodémocratie de 2014.

Depuis, d'autres militants ont été empêchés de se présenter aux législatives. Le gouvernement hongkongais avait démenti dimanche toute censure politique, ajoutant qu'il soutenait la décision d'empêcher M. Chu de se présenter.