La Chine lance le premier module de sa station spatiale

La Chine a lancé jeudi le premier des trois éléments de sa station spatiale, un projet ambitieux pour Pékin qui devrait lui permettre à terme d'avoir des astronautes en permanence dans l'espace.
par
Marie
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Le module central Tianhe ("Harmonie céleste"), futur lieu de vie des astronautes, a été propulsé par une fusée Longue-Marche 5B depuis le centre de lancement de Wenchang, sur l'île tropicale de Hainan (sud), selon la télévision publique CCTV.

Des centaines de passionnés s'étaient rassemblés sur les plages aux alentours pour prendre des photos du lanceur s'élevant dans les airs dans un panache de fumée blanche.

"Projet de premier plan"

Le président Xi Jinping a adressé dans un télégramme ses "chaleureuses félicitations" aux équipes techniques, la station spatiale étant un "projet de premier plan pour faire du pays une puissance des sciences, des technologies et de l'espace".

L'assemblage de la station spatiale chinoise devrait s'étaler sur plus d'un an, lors d'une dizaine de missions successives (dont quatre habitées). Elle devrait être pleinement opérationnelle en 2022. Aucun calendrier précis n'a été publié.

Une durée de vie de 10 à 15 ans

Prochaines étapes toutefois: un vaisseau cargo, Tianzhou-2, devrait être lancé et s'arrimer à Tianhe, a priori en mai. Puis la mission habitée "Shenzhou 12" doit emmener courant juin des astronautes à bord de cette CSS en construction.

Nommée en anglais par son acronyme CSS (pour "Station spatiale chinoise"), elle évoluera en orbite terrestre basse (entre 340 et 450 km d'altitude) et ressemblera à l'ancienne station russe "Mir" (1986-2001). Durée de vie prévue: 10 à 15 ans.

"Elle servira de base à des opérations de plus grande envergure: missions habitées vers la Lune, tourisme spatial, sciences spatiales ou encore applications concrètes pour les humains", note Chen Lan, analyste du site GoTaikonauts.com, spécialisé dans le programme spatial chinois.

Plus petite que l'ISS

Une fois terminée, la CSS devrait peser près de 100 tonnes. A titre de comparaison, elle sera environ trois fois plus petite que la Station spatiale internationale (ISS) dans laquelle se trouve actuellement l'astronaute français Thomas Pesquet.

D'une longueur de 16,6 mètres et d'un diamètre de 4,2 mètres, le module Tianhe, qui sera la partie centrale de la CSS, sera le lieu de vie des astronautes et le centre de contrôle de la station.

La CSS, dont le nom chinois est Tiangong ("Palais céleste"), cohabitera en orbite autour de la Terre avec l'ISS (chapeautée par l'agence spatiale américaine Nasa) -- laquelle devrait continuer à être opérationnelle encore plusieurs années.

Ouverte aux collaborations

Si la station chinoise n'a pas vocation à devenir un lieu de coopération internationale au même titre que l'ISS, la Chine a déclaré qu'elle était ouverte aux collaborations avec l'étranger. Des scientifiques chinois et de l'Onu ont ainsi sélectionné des expériences de chercheurs étrangers, qui seront menées dans la future CSS.

Des astronautes étrangers monteront-ils donc un jour dans la CSS ? Peut-être, mais aucune chance d'y voir un Américain: une loi américaine interdit à la Nasa tout lien avec la Chine.

Plusieurs projets

Jadis pauvre, la Chine investit depuis quelques décennies des milliards dans son programme spatial pour rattraper Européens, Russes et Américains. La Chine avait envoyé son premier astronaute dans l'espace en 2003.

Le pays a posé début 2019 un engin sur la face cachée de la Lune - une première mondiale. L'an passé, il avait rapporté des échantillons de Lune et finalisé Beidou, son système de navigation par satellite (concurrent du GPS américain).

La Chine prévoit de faire atterrir le mois prochain un robot sur Mars ou encore d'envoyer des humains sur la Lune à l'horizon 2030. Elle a également annoncé vouloir construire une base lunaire avec la Russie.

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