Interview : Sean Penn lâche le Rambo en lui avec ‘The Gunman'

par
ThomasW
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A 54 ans, Sean Penn fait son ‘Liam Neeson'. Tout comme son collègue irlandais, le double vainqueur aux Oscars se met, après une carrière bien remplie, à jouer des muscles et de la gâchette dans ‘The Gunman'. Un film de Pierre Morel: l'homme justement qui avait aussi réveillé le Rambo en Neeson avec ‘Taken'. Metro a rencontré Penn lorsqu'il s'est rendu à Paris pour recevoir un César d'honneur –quelques mois avant sa rupture avec l'actrice Charlize Theron.

Monsieur Penn: vous dans un film d'action, jamais nous ne l'aurions imaginé!

Sean Penn: Ce n'était pas la première fois que je recevais une telle offre, mais jusqu'à présent, cela ne m'avait jamais intéressé. ‘The Gunman', en revanche, n'est pas n'importe quel film d'action. Le scénario m'a tout de suite donné une impression très réaliste. Vous savez, ce à quoi je suis allergique, ce sont les films où la violence n'a pas de conséquences. Je ne crois absolument pas que des films d'action puissent inciter à la violence -c'est un des raisonnements les plus bêtes que j'aie jamais entendus-, mais je crois par contre que les films ont une certaine responsabilité. Il faut montrer ce que la violence peut engendrer. Si on ne le fait pas, le spectateur n'y croit pas du tout. Un film d'action doit être davantage qu'une bande de gamins qui jouent avec des fusils dans un jardin. C'est la raison pour laquelle il est important que le réalisateur et les acteurs sachent eux-mêmes ce qu'est la violence.»

Le saviez-vous, alors?

«Oui. Le réalisateur Pierre Morel et moi-même avons tous les deux passé énormément de temps dans le genre de milieux que vous voyez dans le film. Je connais quelques gars qui ont littéralement vécu tout ce que mon personnage vit dans le film. Je veux parler de mercenaires, ou d'anciens soldats d'élite. Ces gens ont été associés de très près à la production, et j'ai basé mon personnage, en grande partie, sur eux. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi je fume tant dans le film. Même si c'était bien sûr agréable aussi de pouvoir en allumer une de temps à autre sur le tournage, car malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à arrêter. (il rit et sort effectivement une cigarette.)»

J'ai rarement vu un homme de 54 ans aussi sculpté dans un film. Vous avez passé beaucoup de temps au fitness?

«C'est certain, je me suis entraîné dur. Si vous avez un objectif clair, cela se fait tout seul. Mais j'essaye toujours de rester en forme de toute façon. Souvent, pour des rôles qu'on me propose, je dois justement arrêter de m'entraîner, parce que je dois avoir l'air un peu moins en forme. (rires)»

Votre personnage fait de vraies acrobaties: avez-vous effectué ces cascades vous-même?

«Oui, je trouvais cela très important. Le public, aujourd'hui, s'est habitué à beaucoup de choses, ce qui fait qu'on a de plus en plus souvent besoin de cascadeurs pour les films d'action. Mais le problème, c'est que vous devez ensuite les cacher, par exemple en collant numériquement le visage de l'acteur sur le corps du cascadeur. Même si on est capable de faire cela de manière impeccable, on sent quand même en tant que spectateur que ce n'est pas réel. Nous voulions une impression très organique pour ce film. Nous avons donc effectué toutes nos cascades nous-mêmes...»

Matthias Schoenaerts m'a dit récemment qu'on lui avait proposé le rôle de Javier Bardem dans ‘Gunman'...

«C'est exact. Nous avons en effet discuté avec Matthias à un moment donné. Il est sensationnel. Vraiment un des meilleurs acteurs du moment. Si vous le revoyez, passez-lui mon bonjour et dites-lui que je veux absolument travailler avec lui un jour!»

Ce sera fait. Revenons-en à vous: vous êtes aussi réalisateur et vous avez évoqué, par le passé, la possibilité d'arrêter de jouer. Pourquoi avez-vous continué quand même?

«J'ai toujours eu plus envie de réaliser que de jouer. Mais faire un film prend énormément de temps. Et si vous avez des enfants et une famille, vous devez aussi faire en sorte de gagner votre vie entre-temps. Ca, vous le faites alors en jouant. Même si ce n'est, bien sûr, pas la seule raison -ce serait triste. Je suis toujours capable aussi de me réjouir comme un enfant quand je tombe sur un bon rôle. Justement du fait que je suis devenu tellement critique en tant que spectateur. La plupart des films dont tout le monde fait l'éloge, je les déteste. Je peux alors vraiment être en colère contre les réalisateurs et les acteurs. Mais je dois quand même faire attention à ne pas m'aliéner complètement du business. Car je ne saurais vers quoi me tourner sinon.»

Lieven Trio