INTERVIEW. "Les Culottées" de Pénélope Bagieu: Hommage à des femmes d'exception

Après avoir dévoilé ses 30 portraits de femmes sur le blog du Monde, Pénélope Bagieu réunit une première partie d'entre elles dans un ouvrage, le second étant prévu pour 2017. Quinze «Culottées», d'hier et d'aujourd'hui, au destin fabuleux dont les actions en feront, à jamais, des héroïnes intemporelles.
par
Laura
Temps de lecture 3 min.

Vous publiez un véritable hommage aux héroïnes femmes de différentes époques. Comment vous est venue l'idée de ce projet?

Pénélope Bagieu: «Je me suis rendu compte qu'elles étaient invisibles. Même celles qui avaient fait de grandes choses, on ne faisait jamais mention d'elles nulle part. J'avais envie de leur rendre hommage et de mettre en scène ce qu'elles avaient d'héroïque pour qu'on puisse s'en inspirer, s'identifier et se rendre compte que les femmes font face à beaucoup d'adversité et trouvent des trésors d'ingéniosité pour les surmonter.»

Comment avez-vous sélectionné les femmes de vos portraits?

«Au début j'en avais quelques-unes en tête, celles qui m'ont donné envie de faire ce projet -Clémentine Delait, Margaret Hamilton, Joséphine Baker, Tove Jansson et Katia Krafft qui est dans le prochain livre. J'hésitais même à faire un livre sur chacune d'elles et puis je me suis dit que j'allais les raconter brièvement et plutôt insister sur la diversité et le foisonnement.»

Comment les avez-vous découvertes?

«Par les lectures, internet ou des documentaires. Ma sélection est tellement personnelle. Chacune de ces femmes, pour des raisons pas du tout évidentes de l'extérieur, a un lien très fort avec moi. Elles m'ont toutes émue et j'avais vraiment envie de les faire aimer.»

Y en a-t-il une qui vous a plus inspiré que les autres?

«Il y en a une qui m'a fait m'arrêter de travailler pendant une semaine parce qu'elle a remis en question la raison même pour laquelle je travaille. C'est Phulan Devi, la reine des bandits, une femme indienne qui a été élue au parlement. Elle est devenue bandit parce qu'elle avait été victime de violences sexuelles collectives très très violentes.»

C'est un travail dans lequel vous semblez avoir mis beaucoup d'investissement…

«Oui, c'était vraiment très intense de faire ‘Les Culottées', je ne faisais rien d'autre. Je lisais les deux premiers jours de la semaine, j'écrivais le troisième, je dessinais le quatrième et je faisais la couleur le cinquième. Et on recommence la semaine d'après pendant un an. J'étais triste quand j'ai fini le dernier.»

Du coup, y a-t-il un personnage plus spécial qui clôture la série?

«Je finis sur quelqu'un qui, pour moi, est vraiment la quintessence de tout ça, Peggy Guggenheim. Elle va s'inventer un destin qui va marquer le monde. Je m'étais toujours dit que soit je ferais un livre uniquement sur elle, soit je trouverais un moyen de faire quelque chose de particulier avec son personnage et finir ‘Les Culottées' avec, c'est très bien.»

Quels sont vos futurs projets?

«Arrêter de lire des biographies (rires). J'aimerais bien faire un projet jeunesse. Je m'ennuie hyper vite. C'est un problème dans la vie mais aussi dans le travail. J'ai vraiment du mal à faire la même chose trois ans d'affilée. J'ai arrêté Joséphine au tome 3 parce que je ne voulais pas en avoir marre.»

En quelques lignes

Clémentine Delait, Lozen, Annette Kellerman, Delia Akeley, Wu Zhao… ces noms ne vous disent peut-être rien et pourtant ils ont marqué l'histoire. Avec l'humour sans faille qu'on lui connaît, Pénélope Bagieu consacre son nouvel album à 15 héroïnes femmes audacieuses, méconnues ou connues, «qui n'ont fait que ce qu'elles voulaient». Dans cet ouvrage amusant, touchant et instructif, l'illustratrice française dévoile les destins exceptionnels de personnages féminins qui, chacune à leur époque, ont amélioré le quotidien et révolutionné le monde à leur manière. Un fabuleux hommage aux femmes. À lire absolument!

«Les Culottées», de Pénélope Bagieu, éditions Gallimard, 144 pages, 19,50 €