Interview: Angelina Jolie repasse derrière la caméra

par
Jerome
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Angelina Jolie n'a pas volé son nom. Lorsqu'elle entre dans la pièce, celle-ci s'emplit instantanément de son élégance presque royale. Mais l'actrice ne se contente pas d'être belle. Elle travaille comme envoyée spéciale de l'ONU, et réalise aussi depuis quelques années ses propres films. Ce qui, d'ailleurs, lui plaît tellement qu'elle envisage d'arrêter complètement de jouer. Son deuxième long métrage, ‘Unbroken' (‘Invincible') raconte la vie extraordinaire de Louis Zamperini: un homme sans cesse mis à l'épreuve, mais qui n'a jamais baissé les bras.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire un film sur Zamperini?

Angelina Jolie: «Il y a, dans le monde, tant de choses pour perdre courage, qu'une histoire porteuse d'espoir comme la sienne est plus que la bienvenue. Des gens comme Louis, qui ont survécu aux conditions les plus difficiles, on peut les prendre comme modèles. Je vois cela aussi dans mon travail en tant qu'envoyée de l'ONU: j'entre constamment en contact avec des réfugiés, des victimes de violences sexuelles, etc. Voir comment ces gens se battent pour eux-mêmes et reprennent le cours de leur vie, m'inspire énormément. Dans le cas de Louis, je trouvais aussi très important qu'il ne soit pas né héros. Ce n'était certainement pas un saint: à 19 ans, il buvait, fumait et volait. (rires) Mais il a ensuite trouvé une manière de surmonter ses problèmes. Si lui pouvait le faire, alors tout le monde pouvait y arriver. Je trouvais que c'était un beau message, à une époque où énormément de gens n'ont plus du tout d'espoir.»

Dans le film, nous voyons que Zamperini doit sa résistance morale à son frère Pete, qui a toujours cru en lui. Y a-t-il une telle personne dans votre vie aussi?

«Oui, ma mère. Durant mon adolescence, j'ai traversé une période très difficile. Je me sentais inutile, je ne pensais pas être quelqu'un de bien. Mais ma mère voyait toujours autre chose en moi, elle croyait en moi. Et ça fait une énorme différence. Ma mère n'est plus de ce monde, mais j'essaie toujours d'être cette personne qu'elle voyait en moi.»

‘Unbroken' n'est que votre deuxième film en tant que réalisatrice, mais cette fois vous avez dû filmer d'emblée des combats aériens et des scènes en pleine mer. Un saut dans l'inconnu?

«Oui. J'étais très heureuse de pouvoir porter l'histoire de Louis à l'écran. Mais ce n'est que le premier jour de tournage que j'ai réalisé que j'étais aussi la personne sensée dire à quelle vitesse devaient voler les avions et comment nous devions nous y prendre concrètement pour filmer un combat avec un requin... Diriger des acteurs, je savais déjà le faire, mais de ce genre de choses, j'avais peu d'expérience. Finalement, il s'est avéré -heureusement- que j'aimais énormément cet aspect technique. Je pouvais même me comporter en vraie geek pour ces choses-là. (rires)»

Vous avez dit récemment que vous vouliez peut-être bien arrêter de jouer. Allez-vous vous consacrer entièrement à votre carrière de réalisatrice?

«Les choses que l'on dit lors d'interviews, sont toujours un peu grossies. Je veux certainement encore jouer dans quelques films, je ne vais donc pas arrêter tout de suite. Mais j'ai en effet le sentiment de me trouver à un tournant. Je ne m'étais jamais imaginé que j'aimerais autant la réalisation. Vous savez, c'est maintenant seulement que je me rends compte qu'en réalité je n'aime pas être devant la caméra. Je me sens beaucoup plus à l'aise derrière la caméra.»

Entre-temps, vous avez déjà terminé le tournage de votre troisième long métrage ‘By The Sea'. Avec une fois encore un nouveau défi: diriger votre mari Brad Pitt et vous-même! Cela s'est-il bien passé?

«Me diriger moi-même était très difficile.»

Ah, vous étiez une actrice difficile à diriger?

«Oui! La réalisatrice et moi étions constamment en conflit. (rires) D'ailleurs, je n'ai toujours pas vu le résultat. Normalement, je visionne chaque jour les scènes que nous venons de tourner, mais maintenant que l'on peut me voir aussi à l'écran, je ne cesse de reporter cela à plus tard. Brad, en tous les cas, était très facile à diriger. Parce que nous nous faisons totalement confiance. Nous jouons un couple en crise. Lorsque vous êtes vraiment mariés, c'est très dur. Mais nous avons une relation tellement solide et un tel vécu, que nous pouvons nous pousser mutuellement bien au-delà de qu'on ferait avec une personne moins proche. Ca s'est très bien passé.»