Hypnonaissance : l'accouchement sans stress

Toutes femmes enceintes, surtout à un certain stade de la grossesse, y aspirent et le redoutent à la fois: le jour de l'accouchement. Elles lisent tout un tas de choses horribles sur la douleur qui les angoissent au plus haut point. Pourtant, il existe plusieurs méthodes qui aident à maîtriser cette souffrance. Parmi elles, l'hypnonaissance. Ce programme est fondé sur la relaxation profonde et la visualisation. «L'objectif de l'hypnonaissance est que la maman soit la moins stressée possible et qu'elle donne naissance à son enfant en se sentant en toute sécurité», explique Chloé Prieur, sage-femme à Bruxelles.
par
ThomasW
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«Nous avons, d'un côté, un cerveau rationnel et de l'autre, un cerveau reptilien. Le premier sert à organiser, penser, réfléchir. Le second est utilisé pour tout ce qui fonctionne tout seul dans notre corps, à savoir la respiration, la digestion, le rythme cardiaque et l'accouchement», nous explique Chloé Prieur lors de notre première séance d'hypnonaissance. «Le problème, c'est que ce second cerveau est influencé par le rationnel. Quand on stresse et qu'on pense aux examens, notre cœur bat plus vite par exemple. Pour l'accouchement, c'est pareil.

Le but de l'hypnonaissance est donc de mettre le cerveau rationnel en off pour éviter qu'il y ait des facteurs qui favorisent le sentiment d'angoisse.» Ces sentiments d'angoisse peuvent être causés par un manque de soutien de la personne qui accompagne la femme enceinte en salle d'accouchement, un personnel hospitalier peu attentif, une forte perception des événements, de trop grandes stimulations sonores et visuelles, etc. Au niveau émotionnel, la future maman est alors angoissée. Elle a l'impression de ne pas être écoutée et soutenue, et de ne pas être en sécurité. «Du coup, elle va secréter des hormones de stress, comme l'adrénaline et le cortisol. Instinctivement, elle va se figer», continue la sage-femme, qui reçoit dans son cabinet privé situé à Kraainem. «Physiquement, le col pourrait ne plus s'ouvrir, son rythme cardiaque et sa respiration s'accélérer, et il pourrait y avoir une diminution du sang dans l'utérus. Ce qui crée plus de douleurs et rend le travail moins efficace.»

Secréter de l'ocytocine et des endorphines

Le jour de l'accouchement, l'objectif est que la future maman reste le plus possible dans le cerveau reptilien, «qui amène un cycle de paix et de sécurité», et que la personne qui l'accompagne en salle de travail fasse le cerveau rationnel pour deux. «Il faut donc tout faire pour mettre la maman dans un sentiment d'intimité et éviter qu'elle soit entourée par de trop nombreuses personnes. Elle se sentira plus en confiance. Le but est qu'elle secrète des hormones du plaisir, à savoir de l'ocytocine, l'hormone de l'amour, et des endorphines.» Concrètement, si la future maman arrive à se détendre, on assiste à un relâchement des muscles, une ouverture du col de l'utérus, une confiance accrue et une diminution de la douleur. «C'est à ça que l'on veut arriver, bien évidemment, avec l'hypnonaissance.»

Un endroit de sécurité

«Un des points le plus important de l'hypnonaissance est la respiration. Une contraction ressemble à une vague. Vous devez respirer avec elle», développe Chloé. «L'idéal est qu'au moment où tout votre corps est serré, vous soufflez tout doucement et vous vous projetez dans un endroit de sécurité. Il y a beaucoup de visualisation dans l'hypnonaissance.» En réalité, plus qu'une technique, l'hypnonaissance est une philosophie. On part du principe que quand quelque chose se passe dans la tête, cela se passe dans le corps également. «Si on pense ‘ détendu', on le sera. Si on pense ‘ouverture', on le sera également», explique la sage-femme.

Pour cela, chaque femme doit donc trouver son propre endroit de sécurité. Chloé nous propose de penser à un endroit qui nous a semblé agréable et dans lequel nous étions détendus et en pleine plénitude. «Vous devez fermer les yeux et visualiser cet endroit avec beaucoup de détails: ce que vous voyez, entendez, sentez, ressentez sous vos mains…» Pour y arriver, il faut de l'entraînement. Chloé nous propose de nous exercer le plus possible chez nous à visualiser cet endroit en y ajoutant de plus en plus de détails. Elle nous envoie également cinq enregistrements à écouter le plus possible jusqu'à l'accouchement afin de nous relaxer et nous aider à entrer, au fur et à mesure, plus facilement dans un état hypnotique. Dans l'un d'entre eux, une femme nous parle justement de cet endroit de sécurité. Au fil des écoutes, notre endroit de sécurité prend forme et nous nous y sentons de mieux en mieux.

Des séances en couple

Par ailleurs, Chloé propose que l'on décrive à la personne qui nous accompagnera le jour de l'accouchement cet endroit. De cette manière, elle pourra nous y ramener à tout moment, même lors des pics de douleur. «C'est pour cela que c'est important que vous veniez en couple aux séances d'hypnonaissance car le rôle de la personne qui vous accompagne est très important.»

Durant la séance, Chloé insiste auprès de mon compagnon: «Durant les contractions, ne lui posez aucune question. Même une bête question. Mais vous pouvez lui parler, lui susurrer des petits mots doux. Vous pouvez aussi faire des sons graves pour qu'elle puisse se calquer dessus lors de l'expiration.» D'après la sage-femme, les sons graves aident à faire descendre le bébé. «Durant les séances, je montre également comment masser le bas du dos de la femme enceinte lors du travail». De plus, Chloé nous invite, mon compagnon et moi, à trouver un geste commun destiné à m'apaiser.

Durant trois séances, Chloé Prieur tente donc de nous donner tous les trucs et astuces qui nous aideront à rentrer dans une relaxation profonde durant le travail qui précède l'accouchement. Elle nous apprend à détendre notre corps pour qu'il puisse s'ouvrir le mieux possible et laisser toute la place dont le bébé a besoin pour naître. Car l'objectif au final est d'accueillir le plus paisiblement possible le nouveau-né. Affaire à suivre…

Maïté Hamouchi