Faut-il bannir l'aluminium de son quotidien?

Depuis quelques années, les déodorants contenant des sels d'aluminium sont pointés du doigt et de plus en plus de consommateurs y prêtent attention. Mais l'aluminium est également présent dans les cuisines. Représente-t-il un danger pour la santé? Faut-il s'en passer?
par
sebastien.paulus
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Les déodorants aux sels d'aluminium sont-ils dangereux?

Pendant des dizaines d'années, les géants de l'industrie cosmétique ont mis des sels d'aluminium dans leurs déodorants, qu'ils soient en spray, en stick ou avec une bille. En effet, cette molécule a un pouvoir anti-transpirant, c'est-à-dire qu'elle permet de limiter la transpiration en résidant la taille des pores de la peau. Mais à partir du début des années 2010, des études scientifiques ont commencé à semer le doute chez les consommateurs. En 2016, une étude suisse établissait un lien entre les sels d'aluminium présents dans les déodorants et le développement du cancer du sein. Peu à peu, les marques ont commencé à proposer des anti-transpirants sans sels d'aluminium et les consommateurs à privilégier des déodorants naturels.

En pleine pandémie de coronavirus, l'information est passée plutôt inaperçue. Pourtant, en avril 2020, le Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) a tranché et a confirmé que le sel d'aluminium présent dans les cosmétiques ne présentait pas de risque pour la santé. Pour cela, un groupe d'experts indépendant auprès de la Commission Européenne a effectué un tas de tests et a conclu que l'aluminium contenu dans les déodorants ou les rouges à lèvres n'était pas absorbé par la peau et que sa présence n'était pas dangereuse pour la santé.

Dans la cuisine

Néanmoins, l'aluminium est également beaucoup utilisé dans l'industrie agroalimentaire que ce soit à travers des conservateurs, des colorants, des additifs ou dans les emballages. C'est d'ailleurs ce que le CSSC a épinglé dans son rapport: «l'exposition à l'aluminium peut également provenir d'autres sources que les produits cosmétiques, et l'alimentation est une source importante d'aluminium pour la population». Selon les experts, les quantités importantes d'aluminium retrouvées dans le corps humain proviendraient donc avant tout de notre alimentation.

Il faut dire que l'aluminium est omniprésent dans le domaine alimentaire et dans nos cuisines. Il y a le papier aluminium bien sûr mais il fait aussi partie de la composition de nombreux contenants. Pensez à la barquette de votre lasagne, aux boîtes de conserve ou encore aux canettes. L'aluminium est également présent dans les briques de lait ou de jus de type Tetra Pak. Enfin, l'aluminium se retrouve dans de nombreux ustensiles de cuisine comme les poêles ou les casseroles.

"C'est un produit inutile!"

À ce jour, il n'existe cependant pas d'alerte sanitaire ou de données épidémiologiques à propos de l'exposition à l'aluminium par l'alimentation. Selon l'OMS, un adulte peut absorber et consommer jusqu'à 50 milligrammes d'aluminium par jour, sans risque pour la santé. Néanmoins, des recherches ont déjà montré que la cuisson dans des poêles abîmées ou dans du papier aluminium pouvait fortement augmenter la concentration en aluminium dans les aliments. Quand on en a la possibilité, mieux vaut donc s'en passer en utilisant des ustensiles en acier inoxydable ou en bois et en remplaçant les poêles et les casseroles griffées ou abîmées. «C'est un produit inutile. Il n'apporte rien à l'organisme, si ce n'est des ennuis», estime le docteur Pierre Souvet. «Sur les métaux, on a des histoires qui se répètent. Ce qui est arrivé pour le plomb, le mercure et l'amiante arrivera aussi pour l'aluminium», prédit quant à lui Romain Gherardi, neuropathologiste à l'hôpital universitaire de Créteil.