Faut-il avoir peur du vaccin AstraZeneca ?

Une dizaine de pays a suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19, après le signalement d'effets secondaires «possibles» mais sans lien avéré à ce stade.
par
ThomasW
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Le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca a indiqué dimanche qu'un «examen attentif de toutes les données de sécurité disponibles sur plus de 17 millions de personnes vaccinées dans l'Union européenne et au Royaume-Uni» avec son vaccin «n'a apporté aucune preuve d'un risque accru d'embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde (TVP) ou de thrombocytopénie dans aucun groupe d'âge, de genre, de lot ou de pays particulier».

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L'OMS rassure

Andrew Pollard, directeur du Oxford Vaccine Group qui a développé le vaccin, assure à la BBC que l'AstraZeneca est sûr: «Le nombre de cas de caillots sanguins signalés dans ce groupe (17 millions, ndlr) est inférieur aux centaines de cas auxquels on pourrait s'attendre dans la population générale». Contrairement à une poignée de pays européens, le Royaume-Uni va continuer d'administrer le vaccin. L'Organisation mondiale de la santé estime également qu'il n'y a «pas de raison de ne pas utiliser» ce vaccin.

Néanmoins, l'Organisation mondiale de la santé, en première ligne dans la lutte internationale contre la pandémie, va réunir aujourd'hui son groupe d'experts sur la vaccination pour étudier la sécurité du vaccin AstraZeneca, a annoncé le chef de l'agence onusienne. L'Agence européenne des médicaments, l'EMA, a quant à elle réitéré hier son avis que les bénéfices du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus continuent de peser plus lourd dans la balance que les risques d'effets secondaires. L'Agence continue d'examiner les cas connus d'«incidents thromboemboliques» parmi les personnes vaccinées avec ce produit, indique-t-elle. Son comité d'évaluation du risque poursuivra aujourd'hui ce travail et conclura lors d'une réunion extraordinaire convoquée jeudi, a annoncé l'EMA.

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La vaccination suspendue dans de nombreux pays

La liste des pays ayant suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca ne cesse de s'allonger. Le Danemark a été le premier pays jeudi à suspendre ce vaccin «après des rapports de cas graves de formation de caillots sanguins» chez des personnes vaccinées. Il a rapidement été suivi par l'Islande et la Norvège. La Bulgarie a annoncé vendredi la suspension «par précaution». L'Irlande et les Pays-Bas ont également suspendu dimanche l'utilisation du vaccin, pour les mêmes raisons. La Thaïlande et la République démocratique du Congo (RDC) ont retardé le démarrage de leurs campagnes de vaccination.

L'Autriche a annoncé dès le 8 avril suspendre l'utilisation d'un lot de vaccins AstraZeneca (ABV5300). L'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et le Luxembourg ont suivi. L'Italie a interdit jeudi par précaution l'utilisation d'un autre lot, ABV2856, tout comme la Roumanie. Enfin, ce lundi, la France, l'Espagne et l'Allemagne ont annoncé la suspension de la vaccination avec AstraZeneca.

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La Belgique continue à vacciner

En Belgique, la task force vaccination a décidé samedi de continuer à utiliser le vaccin AstraZeneca. Les différents pays qui ont suspendu la vaccination l'ont fait à cause d'un lot spécifique livré à 17 pays, mais pas à la Belgique.

Inge Neven, la responsable du Service de l'inspection de l'hygiène de la Commission communautaire commune a indiqué que depuis vendredi, 42 personnes avaient annulé leur rendez-vous à Bruxelles suite à la suspension du vaccin dans plusieurs pays. «Mais cela reste très limité», a-t-elle ajouté.

Pour Frank Vandenbroucke, il serait irresponsable d'arrêter la vaccination avec AstraZeneca

Selon le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke, il serait "irresponsable" en ce moment de mettre à l'arrêt la vaccination contre la Covid-19 avec le produit d'AstraZeneca. "C'est une course contre la montre. Il y a une vraie hausse des contaminations, une augmentation importante des hospitalisations,...", a indiqué le ministre sur le plateau du JT de la RTBF, lundi soir. Dans ce contexte, "sachant qu'il y a tellement de circulation du virus", on ne peut pas se permettre d'interrompre la vaccination avec le produit d'AstraZeneca, estime-t-il.

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Lundi soir, les virologues Emmanuel André et Steven Van Gucht ont approuvé le choix de la Belgique de poursuivre.