En France, un abattoir bio ferme pour cause de maltraitance animale

Une nouvelle vidéo choc de maltraitance animale, diffusée par l'association militante L214, a conduit samedi à la fermeture provisoire d'un abattoir certifié bio.
par
stephanie.karagirwa
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Des animaux suspendus par une patte, découpés alors qu'ils sont encore conscients: ces images filmées en secret entre fin août et début septembre par l'association de défense des animaux L214 ont conduit la préfecture de l'Indre à suspendre immédiatement, et de manière provisoire, les activités de l'abattoir du Boischaut.

17.000 animaux tués chaque année

Le ministre français de l'Agriculture, Didier Guillaume, a dénoncé des "pratiques inacceptables". Il indique avoir également mandaté la Brigade nationale d'enquête vétérinaire pour diligenter une enquête administrative. "Sur la base des conclusions, des décisions appropriées seront ensuite prises", précise le ministre. Pourtant des points de non-conformité majeurs avaient déjà été relevé en 2016, souligne L214 sur son site, en dénonçant "les carences des services vétérinaires qui permettent la persistance de ces actes".

AFP/ GUILLAUME SOUVANT

Le parquet de Châteauroux a indiqué que deux plaintes avaient été déposées vendredi. L'une par l'abattoir pour deux infractions: intrusion et captation d'image d'un lieu privé. L'autre par l'association L214 pour maltraitance animale. L'association a fourni 45 pages d'éléments qui tiennent à prouver des mauvais traitement sur les animaux. Deux enquêtes préliminaires ont été ouvertes.

Carrefour et Système U suspendent leur approvisionnement

L''association L214 avait appelé les groupes de distribution Système U et Carrefour, qui commercialisent de la viande issue de cet abattoir, à "cesser immédiatement de s'approvisionner auprès de celui-ci". Les deux distributeurs ont décidé de ne plus travailler dans l'immédiat avec l'abattoir incriminé. "Nous attendons les suites de l'enquête et nous verrons ce qu'il adviendra de nos relations avec celui-ci", ajoute une porte-parole du groupe Carrefour. Pour sa part, François de Rugy, ministre français de la Transition écologique et solidaire, a condamné "fermement les pratiques cruelles, inadmissibles en France en 2018". "Les inspections et audits ne suffisent plus, il faut maintenant contrôler les abattoirs en continu pour mise aux normes et éradication de ces pratiques", a ajouté le ministre. Mais "plus de deux ans après un audit accablant montrant que 80% des chaînes d'abattage présentaient des non-conformités, la situation dans les abattoirs est identique", a riposté samedi soir L214, après les réactions d'indignation des ministres. Appelant le gouvernement à prendre "des mesures concrètes pour tous les abattoirs", l'association a réitéré sa demande d'intégrer le Comité national d'éthique des abattoirs, un groupe de concertation chargé de débattre de l'évolution de la législation relative à la protection animale en abattoir.

Fermeture de l'abattoir du Boischaut: nous saluons la réaction rapide des ministres @DGuillaume26 et @FdeRugy.

Il faudra dépasser le “cas particulier” et aller + loin. Nous demandons à @EPhilippePM d'intégrer @L214 au #CNEAb.

— L214 éthique animaux (@L214) 3 novembre 2018

L'association L214 avait dénoncé en mars 2016 des souffrances animales au sein de l'abattoir de Mauléon dans les Pyrénées-Atlantiques en utilisant le même mode d'action, des vidéos prises en secret. Deux ans et demi après la diffusion de ces images éprouvantes, l'ex-directeur de l'établissement a été condamné à six mois de prison avec sursis et les employés à des amendes.