Dutronc, Biolay, Aufray : des rééditions soignées à ne pas manquer pour Noël

Duo avec Etienne Daho pour Thomas Dutronc, avec Adé (Therapie Taxi) pour Benjamin Biolay, Nolwenn Leroy pour Hugues Aufray: de quoi donner un second souffle à un disque, sans racler les fonds de tiroir.
par
oriane.renette
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Dans le métier, on appelle ça une fin d'exploitation d'album. Soit prolonger l'existence d'un disque, en le ressortant avec une version enrichie de nouveaux titres. La période des fêtes de fin d'année y est propice. Mais il y a des écueils à éviter.

"C'est vrai que les rééditions d'albums ne sont pas souvent réussies, avec deux-trois remixes, deux-trois titres en live ajoutés... On vit un moment où les bourses sont limitées, il ne faut donc pas flouer le public. Avec Thomas (Dutronc), on est partis sur l'idée d'un volume II avec des invités prestigieux", expose à Thibaut Gerhardt, directeur général de Decca Records France.

"Je vous le laisse ?"

Thomas Dutronc s'est en effet offert une extension assez bluffante de "Frenchy" (sortie le 4 décembre, après une première parution en juin). Dans la première mouture, il avait convié Iggy Pop, Diana Krall ou encore Billy Gibbons (ZZ Top) à revisiter avec lui des standards français au succès international. Cette fois-ci, ce sont Jane Birkin, Clara Luciani, Etienne Daho, Philippe Katerine, Eddy Mitchell et son père, Jacques, qui chantent avec lui en mode jazz-crooner des classiques "franco-frenchy".

"Tout le monde était partant, on a presque un nouvel album (rires), c'est comme chez le boucher, ‘il y en a un peu plus, je vous le laisse?' (rires)", s'amuse Thomas Dutronc, ravi du résultat.

Il y a même un bonus dans le bonus avec les bons mots échangés entre Dutronc junior et Mitchell à la fin de la reprise de "La dernière séance". "J'avais toujours regretté que ce morceau ne soit pas chanté dans le spectacle ‘Les vieilles canailles' (Dutronc senior avec Johnny Hallyday et Mitchell), c'est ma mère (Françoise Hardy) qui m'avait fait écouter ça quand j'avais 4-5 ans et ça m'avait vachement frappé ce morceau", se souvient le guitariste.

Thomas Dutronc a "appris avec chacun": "Daho qui met de l'émotion dans chaque syllabe (sur ‘Partir quand même', composée à l'origine par Françoise Hardy et Jacques Dutronc), la manière magique dont Jane chante et se projette dans les sons (sur ‘Ces petits riens' de Serge Gainsbourg)".

"Actualité, mauvaise inspiratrice"

La question d'une "Galette de Noël" (sortie le 4 décembre) pour amplifier le bel écho rencontré par son "Autoportrait", paru en juillet, s'est également posée pour l'infatigable Hugues Aufray, 91 ans.

Alors que son titre "Adieu monsieur le professeur" (1968) a resurgi au moment des hommages à Samuel Paty, le barde imprévisible a refusé la facilité: parler des tourments actuels. "L'actualité est une mauvaise inspiratrice", estime-t-il. L'homme à la crinière argentée s'est en revanche associé à Nolwenn Leroy: "c'est quelqu'un que j'admire beaucoup, qui fait vivre une culture (la langue bretonne, ndlr), qui la modernise".

Les deux artistes proposent "Quel est ce chant si pur", avec un premier couplet en breton. Pour les autres titres, Aufray livre sa lecture de rengaines traditionnellement entendues entre sapins décorés et cheminées allumées, type "Jingle bells".

Une nouvelle carrosserie

Benjamin Biolay, en fan de sport automobile, choisit toujours avec soin ses co-pilotes. Pour garder la bonne trajectoire de son album "Grand Prix" (sorti en juin), il lui donne une nouvelle carrosserie ce vendredi.

On y trouve notamment deux duos, avec Juliette Armanet ("Rue Saint-Louis en l'île") et Adé (chanteuse de Therapie Taxi) pour "Parc fermé". Ce dernier titre a déjà revêtu plusieurs combinaisons, entre le format standard lâché sur les plateformes, la version acoustique-confinée sur l'Instagram des deux artistes et celle, électrique, du concert privé, sans public, de Biolay sur Canal+ mi-novembre.