Du repos est nécessaire pour le personnel soignant, selon une experte

Le personnel soignant subit un stress chronique de moins en moins tenable, comme le confirme une étude publiée jeudi par l'institut Sciensano. Permettre aux médecins, infirmières ou aides soignantes de récupérer est primordial pour éviter une troisième vague des burn-outs», met en garde Carolien Depuydt, médecin-chef de service à l'hôpital psychiatrique Epsylon à Bruxelles.
par
sebastien.paulus
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«L'organisme humain est fait pour faire face à un stress aigu momentané», explique la psychiatre à Belga. «Puis le danger se dissipe et on peut récupérer et se reposer. Quand le stress se poursuit au-delà de quelques mois, on a un épuisement des facteurs d'adaptation. Il n'y a plus moyen de résister et on craque.»

Le personnel soignant est particulièrement exposé depuis le début de la crise du coronavirus. «Il a dû subir la maladie au sein de ses équipes, de sa famille, avec parfois une ostracisation par les proches, mais il a aussi dû gérer un afflux massif de personnes dans son service. Certains services ont été fermés et les soignants ont été affectés ailleurs, ce qui est stressant aussi.»

La qualité des soins en danger?

Dans son étude, Sciensano met en garde contre des répercussions sur la qualité de soins prodigués. «On essaie de l'éviter, mais à l'impossible nul n'est tenu», répond la Dr Depuydt. Il peut y avoir un risque d'erreurs médicales, même si ce dernier est réduit grâce à la vigilance des équipes, dit-elle. La patience des soignants tend toutefois à s'étioler, surtout face à des patients parfois «agressifs» à leur égard. «Le stress et la fatigue n'aident pas à garder ses distances et à garder son calme.»

En cas de stress chronique et de burn-out, se confier à quelqu'un est d'une grande aide. Les soignants le font plus souvent auprès de leurs proches, mais se tournent peu vers leurs supérieurs, relève l'étude de Sciensano. «Ce n'est pas dans les habitudes managériales de voir le supérieur comme une ressource sur laquelle on peut compter», admet Dr Depuydt, qui préconise davantage de bienveillance et moins de contrôle et de demandes d'efficacité à tout prix dans les hôpitaux.

Plus le même lieu de parole

La relation hiérarchique diminue aussi la capacité de se confier. Caroline Depuydt imagine alors, «dans le cadre du travail, pendant les heures du travail», des lieux de parole, de repos, de décompression, voire de massage et de relaxation. «Le stress est psychocorporel», souligne-t-elle, «Il n'a pas que l'aspect psychologique, il faut pouvoir se reposer.»

Une idée à creuser qui nécessite, selon la psychiatre, de garantir une réelle «liberté de parole» aux soignants au sein de leur établissement. Et qui doit se coupler à des recrutements de personnel supplémentaire.