D'Instagram aux podiums: le rêve des "millenials"

Sans agent ni représentant, simplement dotée d'un compte Instagram, Leya Ljaz, 17 ans, a sauté dans un train depuis Genève, direction Paris, avec un agenda plein de castings et un rêve: faire ses débuts sur les podiums de la Fashion week.
par
Pierre
Temps de lecture 3 min.

Cette jeune métisse d'origine pakistanaise est rivée à son téléphone en attendant son tour pour le casting du défilé de la jeune griffe Neith Nyer, du créateur brésilien Francisco Terra.

"Hier j'ai fait le premier casting, il y avait de vrais mannequins, c'était incroyable, j'attends encore la réponse", confie-t-elle, anxieuse.

Elle en est persuadée, "quoi qu'il en soit, je vais finir dans la mode". "J'ai grandi à New York, je connais très bien la Fashion week, ma mère adore ça!", ajoute cette étudiante, qui s'est payé son billet de train pour Paris et a la "chance" d'être logée gratuitement chez une amie.

Parmi les 30 mannequins du défilé, la grande majorité ont été recrutées par le biais d'Instagram, les autres étant représentées par une agence. Mais toutes sont rémunérées autant, précise Leila Hassiba Azizi, la directrice de casting.

La jeune femme, qui travaille pour plusieurs marques de mode, cherche de nouvelles têtes dans la rue et surtout sur Instagram. C'est grâce à ce réseau social qu'elle a découvert les photos de Leya. Elle a alors écrit à la jeune fille, qui n'avait auparavant défilé qu'une seule fois, à Genève.

"Instagram, cela permet de voir ce qu'on n'a pas le temps de voir dans la rue, c'est un outil de travail incroyable. Il y a quelque chose de plus intime, les gens ont tendance à montrer leur vie, leurs goûts, on a un peu de leur personnalité", explique Leila Hassiba Azizi, tout en recevant des candidates.

'Beauté différente'

Elle n'a demandé leurs mensurations à aucune des filles: elle cherche "une beauté différente par rapport aux agences", pour donner une impression de "réalité".

Aux aspirants mannequins qui retiennent son attention, elle propose de travailler avec elle et de la prévenir de leur arrivée à Paris. Et quand la Fashion week approche, elle se met à recevoir des mails.

Comme celui de la Belge Maud Van Dievoet, 23 ans. Cheveux courts et visage souriant, cette styliste qui habite à Londres a déjà défilé dans la capitale britannique et tente sa chance à Paris.

"Défiler, c'est excitant, c'est de l'adrénaline, et quand tu aimes les vêtements que tu portes, tu es fière de les représenter et d'avoir été choisie", assure-t-elle. Autre motif de satisfaction: être son propre patron. "On s'occupe de tout nous-mêmes, contrairement aux filles qui ont une agence, pour qui tout est organisé".

La Danoise Ida Rathje Ravnborg, 20 ans, autre candidate, est quant à elle représentée par une agence, comme quatre autres filles. Elle n'a pas été découverte sur Instagram. L'une de ses amies a envoyé ses photos à une agence, qui l'a appelée pour signer un contrat.

Juste après, elle partait faire le tour des semaines de la mode de Londres, Milan et Paris.

"Je n'avais jamais imaginé être mannequin, mais je suis ravie. On arrive tout juste de Milan, on est installées dans un appartement de l'agence", raconte la jeune femme, qui a saisi cette opportunité alors qu'elle était en année sabbatique.

Elle a aujourd'hui six castings et a bon espoir d'être retenue pour au moins l'un d'entre eux, même si jusqu'à présent seules quelques-unes de ses amies sont montées sur les podiums.

Mais ces castings atypiques ne conviennent pas à toutes les griffes, souligne Leila Hassiba Azizi, qui travaille par ailleurs pour une agence. "Il y a des marques dont le public n'y est pas sensible."