Développement durable : l'Onu veut la fin des « morts évitables »

Décès à l'accouchement, mais aussi tabagisme, accident de voiture… On meurt encore trop souvent de causes évitables. L'Onu veut en finir avec ce coût financier et humain d'ici 2030.
par
Camille
Temps de lecture 4 min.

Les progrès enregistrés par la médecine au court des dernières années ont changé la face du monde. Les femmes des pays occidentaux ne meurent plus lors de l'accouchement. En Belgique, seuls quatre enfants sur 1.000 ne vivent pas au-delà de 5 ans. Mais dans le même temps, ils sont toujours 176 au Burkina-Faso. Cet écart laisse à penser que de nombreux décès inutiles pourraient être évités. L'Onu souhaite voir ce chiffre descendre à moins de 25 dans tous les pays du monde.

Focus sur les maladies

Les objectifs de développement durable souhaitent également mettre un terme à la transmission de certaines maladies, notamment quand le monde médical sait comment freiner leur propagation. L'objectif a été fixé de mettre fin à l'épidémie de sida d'ici 2030. Mais on estime pour le moment que seul une dizaine de pays y parviendront. La Belgique a encore fort à faire, avec près de 1.000 nouvelles contamination par an.

 

Les Nations unies souhaitent également en finir avec la tuberculose, le paludisme, d'autres maladies tropicales, ainsi que celles transmises par une eau impure. Outre leur coût humain, ces maladies ont un coût sociétal élevé. D'abord parce qu'elles monopolisent des ressources médicales. Mais aussi parce que les familles touchées, trop occupées par la convalescence, se retrouvent en difficultés pour répondre à leurs besoins. Dans la même logique, les nations unies se sont fixées pour objectif de réduire le nombre de suicide, en traitant mieux la santé mentale, le nombre d'accidents de voitures, ainsi que le nombre de décès liés aux addictions (tabac, alcool, autres drogues).

De fortes inégalités

Une étude financée par la Fondation Bill & Melinda Gates estime que seuls 20% des 37 sous-objectifs fixés dans le cadre de l'objectif Bonne santé et bien-être seront atteints. Ses auteurs soulignent également des «inégalités considérables» : les pays à revenus élevés atteindraient 38% des buts fixés, et ceux à faibles revenus seulement 3%. Sur la base des tendances enregistrées, le Kazakhstan, le Timor Oriental, l'Angola, le Nigeria et le Swaziland devraient avoir les plus grandes améliorations globales.

«Un décalage croissant entre les villes et les zones rurales»

Le docteur Wim Van Damme, de l'Institut de médecine tropicale d'Anvers, se félicite de voir les Objectifs de développement durable (ODD) adopter une «approche globale» pour réduire les problèmes de santé.

Depuis les objectifs du millénaire, on tente de réduire l'impact des maladies dans les pays en développement. Ça avance ?

Ph. IMT

«Les objectifs du millénaire, adoptés en 2000, étaient focalisés sur quelques maladies, qui touchent tout particulièrement les pays en développement. Il reste bien sûr essentiel de réduire la mortalité de maladies comme le sida, la malaria, ou la tuberculose. Mais il faut aussi prendre en compte l'apparition de maladie comme le diabète et l'hypertension. Les ODD visent à assurer une couverture médicale pour tous, et partout.»

Que cela change-t-il ?

«On n'est plus dans une relation où des pays riches aident les pays pauvres à progresser contre certaines maladies. La nouvelle approche est globale. Elle ne concerne pas uniquement les pays les moins avancés, mais également les pays émergents et les pays les plus riches.»

 

Quels sont les freins à une couverture maladie pour tous ?

«Le principal frein est évidemment financier : cela demande des moyens importants. Mais un autre problème est le décalage qui s'est créé entre la couverture des populations des villes et celles des zones rurales. Le personnel médical tend à se concentrer dans les villes, où il y a plus de moyens financiers.»

Comment y remédier ?

«Il faut mettre en place des incitants pour que le personnel médical accepte de se rendre dans les zones rurales. Cela implique d'offrir un niveau de vie correct aux personnes prêtes à partir. Mais il faut surtout leur offrir des perspectives de carrière. En Guinée, nous travaillons à un projet en ce sens. Jusqu'ici, partir dans un centre de santé éloigné revenait trop souvent à faire une croix sur sa carrière. Nous développons un système de formations en ligne pour ces personnes. Le départ à la campagne doit ainsi apparaitre comme un choix qui favorise la carrière sur le long terme.»

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