Deux sans-papiers se cousent les lèvres

Depuis le 23 mai, 430 sans-papiers font une grève de la faim. Samedi dernier, deux d’entre eux se sont cousus les lèvres. Un acte désespéré afin d’obtenir des critères clairs de régularisation et une commission indépendante pour traiter les demandes.

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Deux des 475 sans-papiers, dont des enfants, qui occupent l’église du Béguinage ainsi que les réfectoires des universités bruxelloises ULB et VUB, ont cousu leurs lèvres, a constaté lundi le porte-parole de ces personnes sans papiers. Depuis le 23 mai, 430 d’entre eux, des adultes, font une grève de la faim et samedi, deux s’étaient déjà cousus les lèvres.

D’autres exemples existent

D’autres initiatives désespérées ont déjà eu lieu. Une personne a ainsi avalé une lame de rasoir la semaine dernière et tenté de réitérer cet acte dimanche. D’autres sans-papiers sont intervenus à temps pour faire échouer cette deuxième tentative. Un gréviste de la faim a avalé dimanche soir des piles et un briquet. Selon le porte-parole, ces incidents se sont produits parmi les occupants de l’ULB, une information confirmée par une médecin qui surveille leur état de santé. La doctoresse précise que des gastroscopies ont été réalisées à l’hôpital pour retirer les éléments ingérés.

Il y a quelques jours, une personne a avalé des médicaments sur le site de la VUB et a dû être prise en charge pour une tentative de suicide, selon le porte-parole du groupe. «La situation devient ingérable», estime-t-il. «Nous, les responsables, on essaie juste de calmer les choses. Les gens suivent les publications de Sammy Mahdi (le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, NDLR) sur les réseaux sociaux et quand il y a une publication qui dit qu’il n’y aura pas de régularisation, certains réagissent…»

Ils sont de plus en plus faibles

Les personnes qui ont cousu leurs lèvres peuvent encore boire avec une paille, a précisé la médecin. «Je note une faiblesse de plus en plus importante», détaille la doctoresse. «Ils commencent à avoir du mal à se tenir debout. Leurs douleurs au ventre sont de plus en plus fortes. Ils commencent à avoir des douleurs même lorsqu’ils boivent. Ils ont des douleurs musculaires liées à l’affaiblissement général. Ils sont dans un état d’épuisement et d’angoisse tel qu’ils n’arrivent plus parfois à dormir. Ils se reposent, mais n’arrivent plus à dormir. Cette perte du sommeil peut mentalement et physiquement laisser des traces. (…) Des personnes commencent à être psychiatriquement limite», témoigne-t-elle. Elle remarque encore que des personnes sont régulièrement prises en charge à l’hôpital, mais refusent certains traitements et signent des autorisations de sortie pour ne pas interrompre leur grève de la faim.

Alexandre Seron, directeur de campagne de Médecins du monde, ajoute que «leur état de santé mentale et physique se dégrade. On a passé un cap où la grève de la faim pourrait avoir des conséquences irréversibles au niveau de leur santé».

Un refus catégorique d’une régularisation collective

Le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V) reste inflexible et refuse d’envisager une régularisation collective comme en 2000 et 2009. Il parle d’environ 150.000 sans-papiers sur le territoire belge. À la requête de ceux en grève de la faim d’obtenir des critères clairs de régularisation et une commission indépendante pour traiter les demandes, il répond que des régularisations exceptionnelles pour raison humanitaire existent, mais que «l’exception ne peut devenir la règle», selon un de ses tweets. «Il n’y aura pas de régularisation collective et celui qui donne de l’espoir aux grévistes de la faim jette de l’huile sur le feu», a-t-il déclaré. Il a cependant proposé de mettre en place une «zone neutre», pour informer les grévistes de la faim sur l’avancée de leurs dossiers.

Ce week-end, le PS suivi par Ecolo ont appelé à trouver une solution. Le président du MR Georges-Louis Bouchez, a quant à lui apporté dimanche son soutien «total» à la position défendue par le secrétaire d’État.

M. Mahdi a souhaité par ailleurs accorder un droit de séjour aux apatrides et aux parents d’enfants qui ont un droit de séjour. Il dit également investir pour accélérer le traitement des dossiers et garantir une politique de retour humaine, fondée sur un accompagnement.